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    Nouvelle Calédonie
  • Charlie Réné / charlie.rene@lnc.nc | Crée le 19.12.2016 à 04h25 | Mis à jour le 19.12.2016 à 07h54
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    Jean-Jacques Urvoas, ici accompagné du directeur du Camp-Est Régis Baudoin a visité plusieurs cellules, dans les quartiers hommes et femmes. Et s’est plusieurs fois entretenu avec leurs occupants. Photo Jacquotte Samperez
    Politique. C’est le verdict de Jean-Jacques Urvoas, qui a visité le centre pénitentiaire samedi. Le garde des Sceaux a salué les travaux entrepris depuis deux ans et annoncé des renforts pour la prison.

    De mémoire de gardien, on n’avait jamais vu un ministre passer autant de temps dans l’enceinte du Camp-Est. Jean-Jacques Urvoas a consacré à la visite du centre pénitentiaire de Nouméa l’essentiel de sa journée de samedi. « Pour comprendre ce qu’il s’y passe, entendre ce qu’il s’y dit », expliquait le garde des Sceaux peu après son arrivée sur le Caillou jeudi. Bref, « prendre le pouls » d’un établissement qualifié « d’indigne » par le contrôleur général des prisons en 2012. Un rapport que n’a pas oublié le ministre de la Justice, qui avait pu lui-même faire un état des lieux l’année suivante. Aujourd’hui il salue les efforts de rénovation lancés par sa prédécesseure Christiane Taubira. « À l’époque, j’avais été frappé par les conditions inadmissibles d’incarcération et de travail du personnel, explique-t-il. Je ne reconnais pas le Camp-Est ».

    13 renforts, dont 2 pour une équipe de sécurité

    Ces quatre dernières années, 4,8 milliards de francs ont été investis dans des rénovations. De quoi revoir les bâtiments les plus délabrés, améliorer la sécurité, créer 81 places en cellule… « Nous avons agi et les résultats sont là, se félicite le ministre. Et cette transformation est d’autant plus extraordinaire qu’elle a été faite dans un délai contraint de 23 mois ». Mais Jean-Jacques Urvoas a aussi pu s’entretenir avec des détenus logés à quatre dans des cellules pour deux, ou constaté la vétusté de certains locaux non rénovés ou déjà dégradés. « Cet établissement était qualifié d’indigne, il ne l’est plus. Il est aujourd’hui fonctionnel, mais pas exemplaire, du fait de la surpopulation, nuance-t-il. Nous continuerons l’action menée sous ce quinquennat en investissant 2,5 millions d’euros (300 millions de francs) et en créant 13 postes supplémentaires ». Deux d’entre eux pour des spécialistes de la sécurité à même de mieux faire face à des mouvements collectifs ou encadrer des transferts. « Peut-être pour former le reste des effectifs », prévoit le directeur Régis Baudoin.

    La réinsertion, « mission première » de la prison

    Un personnel médical qui dénonce la complexité administrative, des surveillants qui soulignent les défauts et les mérites de l’établissement de Nouville, les détenus qui parlent brièvement de leur quotidien… Le garde des Sceaux a pris le temps d’écouter, mais aussi de faire passer son message pour la suite : « S’intéresser uniquement aux conditions de détention, c’est passer à côté de ce que je considère être la mission première de la prison ». À savoir la réinsertion. Et en la matière les outils manquent. Certes, le Camp-Est et le service pénitentiaire d’insertion et de probation ont développé la pratique de la sculpture, du jardinage, notamment avec un partenariat avec le Conservatoire de l’igname, ou le travail sur les repères sociaux et culturels avec le Sénat coutumier… Mais « Où sont les formations qualifiantes, celles qui vont permettre de trouver un travail, casser le cycle des arrestations ? », s’interroge un gardien. Le nouveau quartier de préparation à la sortie, vanté comme « pilote » en France, permet depuis 2014 plus de travail d’intervenants extérieurs avec les détenus. « Pour que ça marche, il faut que les collectivités calédoniennes compétentes s’investissent, explique un syndicaliste. Sinon, on reste dans la même situation : on rentre au Camp-Est avec rien, on sort avec rien ».

    LE POINT DE VUE DE… Claude Cortès, délégué syndical Force Ouvrière au Camp-Est

    « Ce qu'on veut, c'est une mise à niveau de la Calédonie sur le reste de la République »

    Le ministre était très satisfait des rénovations. Qu’en pense le personnel du Camp-Est ?

    Personne ne peut dire que les choses n’ont pas changé, en termes de conditions de travail, d’accueil des détenus et de sécurité. Mais on regrette toujours d’avoir loupé le coche d’un réel déménagement à Koutio, qui nous aurait permis d’avoir une structure moderne, et en dur, comme partout ailleurs. Ici les nouveaux bâtiments ont été faits en métal, qui s’use rapidement avec les vents marins. Et les dégradations faites par les détenus vont crescendo, on a du mal à y faire face. Il y a eu de l’investissement, mais il ne faut pas s’arrêter là, surtout sur le matériel : on a par exemple un seul fourgon pour les transferts, et quand il est en panne, on est coincés.

    Que pensez-vous de l’annonce des 13 recrutements supplémentaires ?

    Tout est bon à prendre. Mais nous, ce qu’on veut, c’est une mise à niveau de la Nouvelle-Calédonie sur le reste de la République, et notamment de l’outre-mer. Le centre de détention de Papeari (Tahiti, NDLR), qui doit ouvrir ses portes dans quelques jours, c’est 250 agents. Nous, avec les renforts on sera à 135. Nous ne sommes pas au niveau. Quant à l’équipe de sécurité, deux agents, ce n’est pas suffisant. À Baie-Mahault (centre pénitentiaire de Guadeloupe, NDLR), ils sont 10, spécialement formés. On a fait de l’administration pénitentiaire la troisième force de sécurité de France. Maintenant il faut plus de formation et inclure le sport, qui ne fait pas partie aujourd’hui de la philosophie du ministère de la Justice.

    La prison du Nord va soulager le Camp-Est ?

    C’est ce qu’on espère. Le calendrier, c’est toujours une ouverture en 2020. Mais le projet n’est pas encore très clair. Nous, on demande une structure en dur, et qui accueille tous les détenus de la province Nord. Apparemment, on s’oriente plus vers 120 places pour les détenus « en situation de réinsertion ». Reste à savoir ce que ça veut dire.

    126 %

    C’est le taux d’occupation du Camp-Est, qui compte 402 places en cellule pour 505 détenus. Cette surpopulation est particulièrement visible en maison d’arrêt où sont placés les prévenus en attente de jugement.

    Repères

    2 500 recrutements, et les Calédoniens ?

    Paris a annoncé la création de 5 000 places de prison en France, mais aussi des embauches dans l’administration pénitentiaire. Elle doit recruter 2 500 agents en 2017. Certains, comme le député Philippe Gomès, qui d’après le ministre le « harcèle » sur la question, demandent la création d’un concours spécial sur le Caillou, entre autres pour doter la prison du Nord. Mais force est de constater que la pénitentiaire n’a pas la cote en Nouvelle-Calédonie. Jean-Jacques Urvoas appelle à « tout faire » pour redorer le blason de cette profession « essentielle ».

    Les cris de Rock- Victorin Wamytan

    À la maison d’arrêt, des cris se font entendre. « Monsieur le ministre, Monsieur le ministre ! ». Un détenu tambourine à la porte de sa cellule. Il dit vouloir lui remettre une lettre en main propre et se plaint de mauvais traitements. « C’est Banane », souffle un gardien. Le surnom de Rock-Victorin Wamytan, l’un des meneurs présumés des violences de Saint-Louis, qui vient d’être condamné à 2 ans de prison.

    La DAC pilote

    Le gros de la rénovation du Camp-Est a été confié au service d’ingénierie de la direction de l’Aviation civile, habitué des grands chantiers publics. Un prestataire apparemment apprécié par la Pénitentiaire, puisqu’il devrait être en charge de la prison du Nord.

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