Ils n’ont pas lâché leur balance des yeux pendant trois mois. Entre avril et juin, 70 foyers témoins se sont prêtés au jeu un peu astreignant du pesage de poubelle chaque semaine. Une opération pilote. « Lorsqu’on a lancé l’appel l’an dernier, il y avait plus de 90 foyers volontaires, détaille Jennifer Brouard, chargée du projet Programme local de prévention des déchets. Il a fallu parfois les relancer, mais on a pu analyser 75 % des fiches de pesée qu’ils nous ont fournies. » Les résultats concrets de cette expérience ont été présentés hier soir à l’hôtel de ville. « On a un objectif de réduction des déchets de 7 % à horizon 2018, ajoute Françoise Suvé, adjointe en charge de l’environnement. Mais les familles ont été encore plus ambitieuses que nous, avec 20 %. » Un objectif atteint d’après la mairie, moins 20 % sur l’ensemble des déchets jetés.

Jouer le jeu

Il faut dire que les foyers étaient volontaires et donc déjà sensibilisés à la question. « Peser les déchets et compter ce qu’on jetait a été un peu compliqué avec les enfants. Mais il fallait jouer le jeu pour l’étude, reconnaît Jérôme, papa de deux enfants de 2 et 6 ans qui ont hébergé une famille de vers dans leur petit appartement. On triait déjà beaucoup de choses, mais on n’avait pas de solutions pour les déchets verts. On va continuer. »

Parmi les chiffres présentés hier, deux d’entre eux satisfont particulièrement l’adjointe. Les bouteilles en plastique jetées qui ont diminué de 41 % et les sacs en plastique de 33 %. Car si les foyers ont réussi à réduire leurs déchets collectés grâce à des composteurs ou à des poules gourmandes d’épluchures, ils se sont aussi efforcés de changer leurs habitudes de consommation en amont. « Aujourd’hui, on limite vraiment les emballages. On se fait par exemple un jus de légumes frais tous les matins », assure Léa qui fait partie des volontaires. Sa famille a pu bénéficier d’un lombricomposteur. « Il nous a fallu un temps d’apprentissage, on a perdu quelques vers au début, mais on a corrigé nos erreurs. Avant, on sortait notre poubelle deux fois par semaine, alors qu’aujourd’hui ce n’est que tous les quinze jours. »

2 000 composteurs sur quatre ans

L’expérience l’a tellement convaincue qu’elle en a parlé autour d’elle. En plus d’être les ambassadeurs de cette dynamique, les foyers témoins permettent aussi à la mairie de tester et d’évaluer les mesures les plus efficaces. « On peut mieux répondre aux attentes en ajustant nos actions et les répliquer à une plus grande échelle », poursuit Françoise Suvé. Si la réparation de l’électroménager en panne s’avère compliquée à mettre en œuvre, les formations en compostage ont le vent en poupe. « On a même du mal à répondre à la demande. Pour la semaine de réduction des déchets, on a proposé 200 places, mais on a déjà dû ajouter plusieurs dates », complète Jennifer Brouard.

Le bilan tiré de ces trois mois d’expérience révèle aussi que l’option des poules est plus astreignante que celle du composteur. C’est donc cet outil qui devrait être privilégié pour les opérations futures. « On souhaite équiper de composteurs 2 000 foyers sur quatre ans », assure l’adjointe. Une mesure qui permettrait de détourner 166 tonnes de déchets ménagers et 261 tonnes de déchets verts par an des poubelles.