• Les Nouvelles calédoniennes : Le parc fête ses trois ans ce week-end. Avez-vous atteint vos objectifs de départ ?

Ghislaine Arlie : Nous sommes très satisfaits. On ne pensait pas avoir autant de monde aussi vite. En ouvrant, en novembre 2008, on était partis sur un espoir de 500 personnes par mois. Aujourd’hui, on tourne à 1 500. On a fait 10 000 entrées la première année, 12 600 la deuxième et on va faire encore mieux cette année. La moitié des gens qui viennent sont des touristes, l’autre moitié sont des locaux, principalement des Nouméens qui viennent se mettre au vert et qui passent le week-end dans le secteur.

• Le tourisme a donc connu un bel essor ces trois dernières années ?

Oui. On a une dizaine de gîtes aujourd’hui, contre trois seulement auparavant. Le syndicat mixte (6 employés ainsi que 7 agents au parc, NDLR), qui regroupe les trois communes et la province Sud, s’occupe d’accompagner le montage des projets. On a des réunions tous les mois. Les tables d’hôte et les activités écotouristiques se sont beaucoup développées, avec des balades à cheval, du quad, des visites de ferme, des artisans locaux (tressage, sculpture…) et Fort Teremba.
Le parc des Grandes Fougères est devenu une étape incontournable dans le circuit touristique. On travaille aussi à faire venir les Japonais. Economiquement, c’est intéressant pour nous, car on n’a pas de nickel.

• Quels sont vos objectifs ?

Notre but n’est pas d’augmenter le nombre de visiteurs à l’infini, mais plutôt de les faire rester. Maintenant, on a un marché par week-end, à Moindou le premier dimanche, à Farino le deuxième dimanche, le quatrième à Sarraméa. Aujourd’hui, tous les gîtes sont pleins le week-end. L’objectif est de faire pareil la semaine. On veut aussi développer encore plus l’accueil de groupes de personnes âgées et de scolaires. On tourne aujourd’hui à deux classes par mois. Ça permet de faire vivre les guides hors du week-end. Ils sont une douzaine que nous avons formés il y a trois ans.

• Y a-t-il des nouveautés dans le parc ?

En plus des circuits de 5 et 10 kilomètres, on a ouvert cette année un chemin de 18 kilomètres. Il accueille lui aussi les marcheurs et les VTT, pour lesquels la demande est forte. Il est possible de louer des VTT sur place, sur réservation. Des balades à cheval sont aussi possibles dans le parc, également sur réservation avec Sarraméa Randonnées. Concernant Farino, nous inaugurerons vendredi le point Information de la commune, près de la mairie, car celui de la province, à La Foa, ne suffit pas. On inaugurera aussi le nouveau point de vue, avec un deck.

• Le parc compte aussi un volet protection de l’environnement. Le succès est-il au rendez-vous ?

Oui, c’était notre premier objectif au départ : protéger la forêt qui souffrait de beaucoup de coupes d’arbres de n’importe qui, au mépris des orchidées et des fougères arborescentes. On a fait arrêter les scieries. Aujourd’hui, les 4 500 hectares du parc sont divisés en trois parties : une de conservation, une de randonnée et une de chasse. La zone de conservation attire de nombreux scientifiques, comme en ce moment des Japonais. Il y a notamment tout un travail sur le cagou, en parallèle avec la rivière Bleue. On a eu des études sur les perruches, sur la fauvette… Pas mal de botanistes aussi.

• La chasse atteint-elle son objectif de régulation des cerfs ?

Non. Le parc est dans une zone parmi les plus dévastées par les cerfs et les cochons sauvages. Les cerfs mangent tout le sous-bois, c’est une catastrophe. Les battues de régulation que nous faisons tous les quinze jours dans la forêt sont difficiles et ne suffisent pas. On va changer de méthode et essayer en plus la chasse de nuit.

• Jusqu’ici autorisée un mois dans l’année (en avril), la chasse au notou dans le parc va-t-elle être interdite ?

Oui. On ne peut pas protéger le notou durant onze mois et le tuer pendant un mois. On ne voulait pas tout fermer du jour au lendemain. Alors on avait instauré une limite de vingt-cinq chasseurs par jour de chasse. A chaque fois, on était complets, avec des gens de partout, sauf du coin. Mais en avril prochain c’est fini, la chasse au notou sera interdite. C’est un oiseau endémique dont on ne connaît pas précisément la population.