La grisaille domine la Côte-Blanche et quelques gouttes commencent à glisser le long des voiles des bateaux du Catamaran club de Nouméa. L’atmosphère n’invite pas à sortir en mer mais les jeunes pousses du club sont sur le pied de guerre à l’heure de l’entraînement. Derrière eux, leur coach, leur mentor, Gaël Warter, 28 ans, est aux ordres. L’accueil est chaleureux, le café généreusement offert. Le chef de base du Catamaran Club est enthousiaste.

Et pour cause, il est revenu des îles Fidji il y a quelques semaines, lieu des Oceania de la discipline, avec à la clef un titre en junior pour l’équipage composé de Gaëlle Ravanel et Luc Enée. Un résultat encourageant alors que Gaël Warter n’entraîne le groupe que depuis un an. « En tant que chef de base, je m’occupais de mettre en place les cours, les stages, les classes vacances, les événements du club. L’année dernière, le club a eu besoin d’un nouvel entraîneur pour le pôle compétition. On ne trouvait personne avec les bonnes compétences sur le territoire. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait et que j’avais toujours voulu tenter » se souvient-il. Derrière ses cheveux en bataille fouettés par les vents et son apparente décontraction, se lisent dans son regard la détermination et l’amour de la voile. « Au début cela m’a demandé beaucoup de travail, mais je me suis entouré d’anciens entraîneurs, j’ai demandé des conseils au président du club, j’ai potassé plusieurs livres, explique-t-il. La voile c’est ma passion et être entraîneur me permet de continuer à apprendre et à m’améliorer ».

Lui aussi en course

Ce qui n’était qu’une opportunité prend ensuite des allures de vocation pour celui qui à côté des entraînements, continue à faire quelques régates, comme à Fidji où il a couru avec son équipier Nicolas Baucher. « J’ai connecté rapidement avec les jeunes. Le fait d’avoir déjà beaucoup navigué, m’a permis de connecter avec eux de comprendre leur ressenti, de me mettre à leur place », confie le natif de Gap (Hautes-Alpes).

Cap sur l’Australie

Si le coach n’aime pas s’étendre sur ses propres faits d’armes, il est en revanche plus loquace pour parler des performances de ses élèves comme des « machines de guerre». Luan et Jean, ou les légères mais véloces Amélie ou Joanna.

Et s’il est fier des performances de ses jeunes, c’est une philosophie du catamaran qu’il essaie d’inculquer davantage qu’une culture du résultat. « Les classements ce n’est pas le plus important. Mon but premier en reprenant le club, c’était de créer un groupe soudé, avec du partage, de la complicité et de l’échange » précise-t-il avant de servir un autre café et d’introduire Gaëlle et Luc, les deux champions sacrés à Fidji. Pour eux, la venue de coach Warter a aussi été déterminante. « Il nous a permis d’aiguiser notre sens de l’observation, notre rigueur dans la préparation du bateau et de développer une autre approche à la fois théorique et pratique. Nous avons aussi progressé au niveau tactique. » assure Luc.

L’épisode Fidji refermé, Gaël Warter a déjà les yeux tournés vers l’Australie pour les Nationales qui auront lieu en décembre. Une compétition plus professionnelle et sérieuse mais pour laquelle l’entraîneur n’est pas inquiet. « Je suis tellement impressionné par la motivation que leur ont donnée les Oceania. Ils sont devenus très autonomes et impliqués, c’est tout ce que je voulais », conclut-il fièrement.