Il est loin le temps où Emilie Ricaud suivait son père, Dominique, sur les greens, à cinq ans, à peine. A tenir tant bien que mal un club trop grand pour elle.

Aujourd’hui, elle ne semble plus avoir de limite et a acquis une furieuse envie de performer. « Avant, se souvient-elle, quand je faisais des scores de 80 je me disais que c’était déjà pas mal. Aujourd’hui, c’est inimaginable ! »

Lundi à La Ouenghi, elle a rendu des cartes de 73, 72 et 74, soit quatre coups de plus que le par au total. En fait ce qui n’a pas changé, c’est Dominique Ricaud. Son père. Le pro de Dumbéa est toujours à ses côtés en tant que coach. Mais sans pression dit-il. « C’est la force d’Emilie. Elle est très autonome et sait ce qu’elle fait. Après si elle a besoin de plus, elle vient me voir. »

La victoire ou rien

Une façon de faire qui est la sienne depuis 2012 et ses débuts officiels dans le golf. C’est le moment où elle rentre au collège et en classe à horaires aménagés golf.

Si la joueuse de Dumbéa a toujours la même vision du golf depuis le début, « un moyen de voyager et de rencontrer d’autres joueurs venus d’ailleurs », une chose a changé depuis quelques mois. Le départ d’Ariane Klotz pour les États-Unis. « Avant, elle dominait tout, explique Emilie. Alors quand j’abordais une compétition, c’était pour une place d’honneur. Aujourd’hui je vise la victoire. » Et cela lui réussit bien. A titre de comparaison, elle avait rendu des cartes de 84, 86 et 79 en 2015 pour les championnats de Calédonie. Aujourd’hui, elle est capable de flirter avec le par plus souvent.

Duel face à Guépy

C’est ce qu’elle a réussi à faire en juillet aux France lors du premier tour, en stroke-play. Sur trois jours elle parvient à rendre une carte totale de +4. De quoi gagner de la confiance pour les phases finales, en match-play et finalement décrocher la deuxième place après une défaite seulement en finale. « Je ne m’en rends pas encore bien compte, avoue Emilie. Mais les émotions étaient fortes. »

Comme lors de cette victoire au bout du suspense en huitième de finale, le jour de son anniversaire. Ou encore lors de cette demi-finale historique 100 % calédonienne face à Mathilde Guépy. « C’était bizarre, confesse Ricaud. On s’est serré dans les bras avant de commencer puis on a dû jouer comme si de rien n’était. »

Mathilde est, elle, en embuscade à chaque compétition et même victorieuse parfois comme lors du South Pacific Junior Open la semaine dernière. « Elles ont un niveau assez proche, analyse Dominique Ricaud. Elles ont fait preuve d’une force de caractère incroyable en Métropole et se tirent mutuellement vers le haut. »

Pour Emilie, la progression n’est pas encore terminée. « Je dois travailler le petit jeu, pose-t-elle. C’est clairement ce qui m’a coûté le titre en France. »

L’autre inconnue, ce sont ses objectifs de vie. En seconde au lycée du Grand Nouméa, elle devra faire un choix après son bac. « J’aimerais faire des études pour devenir vétérinaire, raconte Emilie. Mais je sais que je ne pourrais alors plus faire de compétition. »

En attendant, il reste encore deux saisons complètes pour elle, avec encore d’autres titres à aller chercher.