Mahiedine Mekhissi rejoint ainsi dans le panthéon masculin des « Europe » l’Allemand Harald Schmidt, monument du 400 m haies, et les Britanniques Roger Black (400 m) et Mo Farah (5 000 / 10 000 m).

Hier, le Rémois a gagné en conclusion d’une course menée avec un train de sénateur : une accélération progressive à 600 m de l’arrivée a suffi pour faire la différence, en 8'31''66, devant l’Espagnol Fernando Carro (8'34''16) et le jeune Italien Yohanes Chiappinelli (8'35''81). Le Français Yoann Kowal a échoué au pied du podium (8'36''77).

Et maintenant, le 5 000 ?

Dans son tour d’honneur, drapé de bleu-blanc-rouge, Mekhissi a ouvert sa main gauche pour signifier cinq. Comme pour mettre définitivement de côté un mauvais souvenir. En 2014 à Zurich, il avait été privé d’un autre titre sur le steeple, vainqueur aisé sur le terrain mais disqualifié pour avoir ôté son maillot avant la ligne d’arrivée... Et Kowal, arrivé 2e, avait alors hérité du titre, visiblement gêné de ce cadeau inattendu.

En homme de défis, Mekhissi devrait, sauf changement, tenter demain de ramener une nouvelle médaille, cette fois sur 5 000 m, au terme d'une prometteuse confrontation avec les trois frères norvégiens Ingebrigtsen.

« Pour l’instant je n’ai pas envie de faire le 5 000 m. J’ai tellement puisé au fond de moi-même que je me sens vidé. Toute cette saison, j’ai été fatigué mentalement. Je ne dis pas que je veux prendre ma retraite mais parfois on y pense », a confié le demi-fondeur, qui apporte à la France une 2e médaille, après celle, également d’or, de Morhad Amdouni sur 10 000 m.

« Je suis un homme, je ne suis pas une machine. L’année dernière, je n’ai pas fait de médaille (aux Mondiaux, NDLR), mais on va dire que j’essaye de répondre présent à chaque moment. Je ne me fais pas de cadeaux au quotidien. Il n’y a pas de hasard dans la vie, c’est beaucoup de travail, d’entraînement, de sacrifice depuis plusieurs années », a souligné Mahiedine Mekhissi.

Doublé allemand

Pas très loin de la piste, le spectacle était aussi sur la pelouse. Le poumon de l’Olympiastadion a battu au rythme du lancer du javelot, les ovations montant à chacun des passages des trois Allemands, tous prétendants au titre. A ce jeu, le champion olympique Thomas Röhler (89,47 m) a pris la mesure du champion national Andreas Hofmann (87,60 m), alors que Johannes Vetter, médaillé d’or aux Mondiaux 2017, a terminé 5e (83,27 m). Et pour fêter son succès dans la touffeur de la nuit, Röhler s’est jeté dans la rivière du steeple, ivre de fraîcheur.

Côté Français, Ludvy Vaillant a fini 4e du 400 m haies, en 48''42. « Je m’attendais à ramener une médaille, donc il y a beaucoup de déception malgré mon record personnel, qui a un petit goût amer. Mais ça va me servir d’expérience pour les prochaines grandes échéances. Sur le plan tactique, j’ai fait ce que je voulais faire, je commence seulement à assimiler les courses de grands championnats », a expliqué Vaillant.

Pour la perchiste Ninon Guillon-Romarin, c’est une 5e place qui vient clôturer ces « Europe », après un échec à 4,70 m.