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    Santé
  • LNC | Crée le 08.04.2003 à 21h00 | Mis à jour le 23.07.2016 à 15h38
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    Mars et avril connaissent chaque année une recrudescence des cas de leptospirose, une maladie qui se développe particulièrement en période chaude et humide. Le récent passage du cyclone Erica a contribué à accentuer les risques. Six personnes en moyenne meurent tous les ans en Nouvelle-Calédonie de cette infection parce que beaucoup de malades consultent trop tard. La leptospirose est pourtant curable si elle est soignée à temps.

    Dix-neuf personnes sont mortes en 1999 de la leptospirose en Nouvelle-Calédonie. Les soignants se souviennent avec effroi de cette période, comme en témoigne le docteur Francis Durand (lire l'interview). Les Calédoniens se méfient peu de cette maladie qui peut pourtant foudroyer de jeunes gens en pleine forme.Il est vrai que certaines précautions à mettre en œuvre vont à l'encontre des habitudes calédoniennes. Il faudrait préférer les chaussures fermées aux claquettes ou aux pieds nus en pleine chaleur pour aller au champ ou se promener. Il faudrait, en plein été, résister à la tentation cruelle de se baigner dans des cours d'eau qui pourraient être souillés.Lutter contre les ratsIl faudrait aussi que les broussards, dont les Mélanésiens des tribus éloignées, se rendent au dispensaire pour consulter un médecin dès qu'apparaissent les premiers symptômes, alors qu'ils ont plutôt tendance à s'automédicaliser (Doliprane ou médecine traditionnelle). C'est peut-être pour cela que l'on meurt encore de la leptospirose en Calédonie alors qu'il s'agit d'une maladie curable.Proportionnellement à sa population, le Nord est la province la plus touchée par la maladie. Les régions agricoles concentrent l'essentiel des cas de leptospirose de la province sud. Les communes de Bourail, Canala et Houaïlou forment une zone à forte contamination due à la présence de nombreux troupeaux de bétai, car celui-ci est à l'origine de multiples cas chez les éleveurs.Le principal responsable de la transmission de la leptospirose aux hommes reste tout de même le rat, présent partout sur le territoire. L'un des moyens les plus efficaces de lutter contre la maladie est donc de s'attaquer aux rats. « La première mesure est de ne pas les attirer, répète Pierre Baqué, le chef du service d'hygiène de Nouméa. Pour cela, il ne faut pas les nourrir. Lorsqu'ils mangent bien, les rats ne grossissent pas : ils se reproduisent. Conclusion : les endroits où les ordures sont à portée des rats seront bientôt envahis. Or, dès que des rats vivent quelque part, ils urinent et souillent la terre avec les leptospires.» Les jardins de Nouméa ne sont pas épargnés.Après EricaLa vigilance de tous est particulièrement requise en ce moment. D'abord parce que la leptospirose est « une maladie saisonnière ». Se développant facilement avec la chaleur et l'humidité, elle est plus fréquente en mars et avril. En outre, « le risque est encore plus prégnant après le passage d'Erica qui a charrié beaucoup de pluie, généré de la boue. L'urine infectée des animaux a pu se répandre un peu partout », prévient la Direction des affaires sanitaires et sociales (Dass). En 2002, 49 personnes ont contracté la leptospirose. L'année précédente, sept en étaient mortes.Nouméa est dératisée régulièrement Campagne d'envergure systématique et lutte ponctuelle localisée dans les endroits où la population de rats est importante : le service municipal d'hygiène de Nouméa applique les deux méthodes pour combattre les rats. En Brousse, il y a peu de campagnes de dératisation.« Une ville qui comporte un rat par habitant est une ville dont la population de rats est bien gérée », note le chef du service municipal d'hygiène, le Dr Pierre Baqué. Autant dire que la lutte contre les rats dans les villes est difficile et prétendre en venir à bout tient de la gageure.Pour limiter ce ratio rat/homme, Nouméa est dératisée régulièrement. « Une équipe de trois personnes est dévolue à cette tâche constamment », précise Pierre Baqué. Actuellement, les hommes sont réquisitionnés sur le front de la dengue mais c'est pour une courte durée.Une fois par mois, l'équipe dirigée par Atelea Heafala pose des pièges aux rats. Il s'agit de pavés de « mort aux rats » que le personnel du service d'hygiène place principalement dans les égouts. « Ce produit est très dangereux, c'est pour cela qu'il est enfoui, hors de portée des enfants, des animaux. Mais c'est aussi parce que les rats utilisent les égouts pour se déplacer », explique le chef du service municipal d'hygiène.Peu de dératisation en BrousseTous les regards de la ville sont donc inspectés. Des zones font l'objet d'un examen encore plus attentif car elles sont réputées pour être appréciées par les rats : les alentours du port autonome, le centre-ville avec son lot de restaurants et de commerces alimentaires, la bordure des plages qui font face à des restaurants, le marché... Bref, tout lieu qui peut contenir des déchets de nourriture attirant les rats.Outre ce quadrillage systématique mensuel, des actions ponctuelles sont menées dans des endroits signalés. « Mais nous ne pouvons agir que sur la voie publique car le produit que nous utilisons est très toxique, indique le docteur Baqué. Nous ne pouvons pas le placer chez les gens.»Entre trois et quatre tonnes de produits anti-rats sont consommées par le service municipal d'hygiène de Nouméa. Le moyen est efficace. Mais sur le reste du territoire, peu de villes, villages ou tribus sont dératisés par les services municipaux. Les éleveurs en première ligneLes éleveurs, au contact du bétail, font partie des populations exposées à la leptospirose. Pour éviter que la maladie n'atteigne les bêtes, puis les hommes, avec les cabinets vétérinaires de Brousse, ils sont particulièrement vigilants.Les animaux se contaminent le plus souvent par l'herbe ou l'eau qu'ils ingurgitent. A leur contact, l'éleveur, s'il ne prend pas quelques précautions, peut à son tour être infecté.Bilan insuffisantIl risque aussi de perdre des têtes de bétail car certaines bêtes peuvent « tomber malades, allant parfois jusqu'à dépérir et mourir dans un délai compris entre douze heures et quinze jours, explique Alexandre Chichery, vétérinaire. Dans d'autres cas, le bétail peut être porteur de la maladie pendant plusieurs mois et en mourir brutalement.»Un vaccin, efficace contre les formes mortelles, existe. Il faut l'inoculer une fois par an, dès l'âge de deux mois.Les éleveurs semblent diversement convaincus par la nécessité de faire suivre leur bétail. « Le bilan du travail de terrain est tout à fait positif, précise le vétérinaire. Mais il est insuffisant puisque, cette année, 45 % des éleveurs de notre clientèle, qui représentent 50 000 bêtes, vaccinent leur troupeau, contre 10 % il y a trois ans.»Dr Francis Durand, chef du service des urgences du Centre hospitalier Gaston-Bourret : « Tous les ans, des gens meurent »Le service des urgences du Centre hospitalier territorial (CHT) Gaston-Bourret prend en charge de nombreux patients atteints par la leptospirose, lorsque la maladie s'aggrave. Francis Durand, le chef de ce service, met en garde contre la dangerosité de la leptospirose.Les Nouvelles calédoniennes : La leptospirose est-elle une maladie grave ? Francis Durand : On parle beaucoup de la dengue et c'est justifié, mais il ne faut pas oublier que la leptospirose est aussi une maladie dangereuse. Elle tue chaque année. Je me souviens de la recrudescence de 1999 pendant laquelle dix-neuf personnes sont mortes. Toutes les semaines, on voyait des gens mourir, et des jeunes de surcroît. On perdait des jeunes de trente ans ! On en a placé plusieurs en service de réanimation, deux jours plus tard, ils décédaient.LNC : La leptospirose est-elle difficile à diagnostiquer ?F.D. : Le piège, c'est qu'il s'agit de symptômes grippaux, comme la dengue d'ailleurs : fièvre, maux de tête et douleurs musculaires. Le danger, c'est que les gens ne consultent pas car ils pensent que c'est la grippe. Or, la grippe se guérit en quelques jours. Pas la leptospirose. C'est, comme la dengue, une maladie mortelle. En cette période, tout symptôme de grippe doit alerter les gens. Ils doivent consulter un médecin et non pas se coucher en prenant du Doliprane.LNC : Comment expliquer que plusieurs personnes meurent de la leptospirose chaque année alors que c'est une maladie curable ?F.D. : Le problème en Nouvelle-Calédonie, c'est que les gens atteints de leptospirose sont pris en charge médicalement trop tard car ils ne consultent pas de médecin dès le début des symptômes. Ils attendent que ça aille vraiment mal. Pourtant, la leptospirose est tout à fait curable avec un traitement antibiotique, mais seulement si elle est prise à temps. Sinon, elle génère des troubles rénaux et hépatiques graves.Qu'est-ce que la leptospirose ?• Symptômes : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, notamment dans les mollets. Tous ces signes apparaissent brutalement. Si elle n'est pas prise à temps, la maladie peut atteindre les reins, entraîner des troubles hépatiques, des syndromes hémorragiques...• Délai d'incubation : 6 à 14 jours.• Traitement : les antibiotiques sont efficaces si la prise en charge médicale est rapide.• Mode de contamination : la bactérie responsable de la leptospirose - la leptospire - infecte surtout les rats, un peu le bétail et les animaux domestiques comme le chien et le chat. Les uns et les autres éliminent la bactérie en urinant. L'homme se contamine en marchant sur un sol ou dans de l'eau souillés par ces urines. Il peut aussi l'être par des morsures de ces animaux, mais ce mode de contamination est rare. La contamination est plus aisée par les plaies mais la bactérie n'a pas besoin de cette porte d'entrée pour infecter l'homme.• Précautions :- Ne pas marcher pieds nus dehors, dans l'eau, sur l'herbe, dans la boue, toujours porter des chaussures fermées.- Porter des gants pour les travaux à l'extérieur.- Ne pas se baigner dans de l'eau stagnante et qui paraît trouble ou proche du bétail.- Lutter contre les rats par des campagnes de dératisation, en évitant de laisser traîner les déchets autour des habitations. Il faut absolument jeter les ordures ménagères dans des poubelles métalliques inaccessibles aux rats.- Suivi médical du bétail.

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