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    Politique
  • Catherine Léhé | Crée le 07.06.2010 à 12h00 | Mis à jour le 23.07.2016 à 19h58
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    Calédonie ensemble monte au créneau sur la bataille navale entre le Betico et l'Aremiti 4. Jugeant l'attitude de Pierre Bretegnier « irresponsable », les élus réclament un conseil d'administration extraordinaire de Promosud.

    « Quand on est pyromane, il ne faut pas ensuite chercher les pompiers pour éteindre le feu. Il faut prendre ses responsabilités. » La formule est de Sonia Lagarde. Et vise directement Pierre Bretegnier, président de Promosud, société créée par la province Sud et actionnaire à 50 % de la SudÎles, propriétaire, elle, du Betico 2.
    Hier matin, la 3e vice-présidente de la collectivité en charge du tourisme a, avec d'autres élus de Calédonie ensemble, acteurs du même secteur, réclamé « une réunion en urgence du conseil d'administration de Promosud » pour débattre de l'avenir de la desserte maritime de l'île des Pins.
    Acte I : Ils dénoncent « la façon dont les responsables de la province Sud, en charge de cette affaire, ont géré le dossier ». « Aucune discussion sérieuse n'a jamais été organisée sur la question au sein des instances provinciales concernées. » Tout comme au sein du conseil d'administration de Promosud.
    Sonia Lagarde et Michel Lasnier, administrateur de Promosud, rappellent que, le 24 mars dernier, Pierre Bretegnier avait inscrit à l'ordre du jour dudit conseil une proposition de rapprochement entre la SudÎles et la société Île des Pins Ferry de Yannick Pantaloni qui loue l'Aremiti 4. Mais le projet de nouvelle répartition de l'actionnariat n'avait pas séduit certains membres du conseil d'administration issus du même parti que Pierre Bretegnier. Ce point avait donc été retiré de la réunion. Depuis, plus rien.
    Acte II : Les élus affirment avoir appris par la presse qu'Hilarion Vendégou, grand chef et maire Rump de Vao, était actionnaire de la société Île des Pins Ferry. « Pierre Bretegnier a toujours ouvertement défendu l'Aremiti contre le Betico, relève Sonia Lagarde. Ceci explique donc cela ! Le choix des responsables UMP de soutenir un navire contre un autre est naturellement lié à la détention d'intérêts commerciaux directs du maire de l'île des Pins dans l'une des deux sociétés concurrentes. » Sur ce point, Calédonie ensemble demande au Rassemblement-UMP des explications et « un changement total et immédiat de gestion du dossier ».

    Pierre Bretegnier a toujours ouvertement défendu l'Aremiti contre le Betico.

    « Scandaleux ! » s'indigne Nathalie Brizard, élue RPC, vice-présidente de la commission des transports du Congrès et de la province Sud. « Ce sont ceux-là mêmes qui dans la presse nous parlent de la moralisation de la vie politique. C'est quand même le pompon ! »
    Philippe Michel, 2e vice-président de la province, enfonce le clou : « Le maire de l'île des Pins, chargé d'assurer l'ordre public, le respect de la liberté d'aller et venir, organise lui-même des blocages et l'on découvre qu'il a un intérêt personnel dans la société, je trouve cela particulièrement choquant ! » Mais pour Pierre Frogier, président de la province Sud, « ce n'est pas en s'y prenant comme ça que le problème se réglera ».
    Calédonie ensemble a également insisté sur les conséquences de l'activité touristique à l'île des Pins. Car Promosud est aussi actionnaire du Méridien d'Oro, du Kou-Bugny, de l'Oure Tera. « Si la desserte ne fonctionne pas, c'est la pérennité des investissements réalisés par Promosud et la collectivité qui va s'effondrer. » Des propos tenus avant que la SudÎles annonce dans l'après-midi que le Betico accosterait dimanche à Kuto.

    Catherine Léhé

    Pierre Frogier défend Vendégou

    « Hilarion Vendégou est un homme honnête, quelqu'un de respectable qui a prouvé qu'il était capable de faire de grandes choses. C'est la première fois que j'entends un mouvement politique critiquer un Mélanésien qui essaie de s'intégrer dans les circuits économiques. Mais de quoi s'agit-il ? 1 % dans une société d'exploitation qui est en faillite. Celui que je mets en cause, c'est celui qui a tenté de profiter du nom de M. Vendégou, en l'intégrant à hauteur de 1 % pour faciliter sa desserte sur l'île. […] La responsabilité, il faut la chercher ailleurs. Pourquoi mon prédécesseur a-t-il financé le Betico 2 dans ces conditions alors qu'il y avait déjà un bateau, le Betico 1 ? Un bateau qu'on ne pourra même pas revendre, sinon on sera sanctionnés par Bercy (en raison de la défiscalisation, NDLR). Je suis très malheureux de ce qui se passe à l'île des Pins. »



    Les oublis de l'Aremiti

    Pour justifier leur préférence au Betico, les élus de Calédonie ensemble ont relevé les points négatifs de l'Aremiti 4. « C'est un bateau qui est loué à des Polynésiens, rappelle Sonia Lagarde. Et il serait revenu il y a quelque temps avec de l'eau dans la cale. » « Je ne suis pas sûre qu'il soit en règle avec la douane », lance pour sa part Nathalie Brizard. Selon une lettre de Philippe Gomès adressée à Pierre Frogier, la société Prestige marine, autre société de Yannick Pantaloni qui a importé le navire de Polynésie, l'aurait fait « sans procéder à aucune formalité douanière ». Selon ce même courrier, Yannick Pantaloni aurait importé le bateau pour la somme de 850 millions de francs. Alors interpellé par les autorités douanières, le gérant aurait accepté le principe de régler une amende d'un million de francs, après un accord à l'amiable validé par le parquet et le gouvernement en août 2009. Avant de se raviser en mars 2010. L'affaire ira donc au tribunal.



    Les bateaux de retour dès aujourd'hui

    Dans l'après-midi hier, la SudÎles annonçait par communiqué l'envoi du Betico à Kunié dimanche. Depuis jeudi, le haut-commissariat tente de rétablir la liberté de circuler sur l'île des Pins. « Nous nous efforçons d'obtenir l'accord des parties pour que le wharf soit dégagé, indique Alain Gueydan, commissaire délégué pour la province Sud. Ensuite, libre à chaque armateur de décider s'il se rendra sur l'île des Pins ou non. » Le Betico assurant des rotations sur Lifou et Maré ce samedi, il ne prendra la mer vers Kuto que dimanche. L'Aremiti desservira l'île aujourd'hui et demain. Sur place, hier soir, les deux collectifs se sont rassemblés, laissant entrevoir une porte de sortie au conflit. Une nouvelle réunion devrait être organisée en fin de semaine prochaine, à laquelle participeraient le gouvernement, la province des Îles et la SudÎles, pour l'instant.

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