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    Nouvelle Calédonie
  • Nina Julié, présidente de l'association Symbiose
    Propos recueillis par Marion Pignot | Crée le 27.09.2013 à 03h00 | Mis à jour le 24.07.2016 à 05h15
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    Professeur au collège Mariotti depuis 2004, Nina Julié se verrait bien « renouer avec le lycée » et enseigner à Jules-Garnier. Photo Jacquotte Samperez
    A travers l'association Symbiose et son rôle de chargée de mission SVT au vice-rectorat, Nina Julié met les sciences à l'honneur, organisant concours, ateliers et Fête de la science. Le point sur un secteur porteur d'emplois avec lequel les élèves semblent réconciliés mais qui, selon elle, est inexploité.

    Les Nouvelles calédoniennes :Comment expliquez-vous le succès grandissant de la Fête de la science (*) mais aussi l’engouement suscité par les concours scientifiques ?

    Nina Julié : Au labeur, à la volonté des enseignants de faire bouger le curseur, de réconcilier les jeunes avec les maths, la physique ou la biologie ! A cette volonté d’en finir avec cette image des sciences perçues comme une option inaccessible, pour l’élite. Avec l’association Symbiose, nous voulons dire « chacun peut faire des sciences et nous allons vous le prouver ». Et ça marche car là où nous rassemblions, à nos débuts en 2005, une trentaine de curieux, 7 000 personnes sont aujourd’hui attendues. L’association a reçu deux prix du ministère de l’Education nationale pour ses projets et les échanges scientifiques avec les établissements scolaires australiens, coréens ou japonais s’intensifient.

     

    Voilà comment Lifou est devenue en quelques années,« la capitale de la science »…

    La première Fête de la science s’y est déroulée en 2007, dans un seul établissement. Aujourd’hui 500 élèves, parmi lesquels 20 lycéens, 300 primaires, 230 collégiens - dont 30 de Maré et 30 d'Ouvéa -, participent au concours. Le Vaisseau des sciences s’y est installé un mois cette année et notre invité scientifique, Marc Lachièze-Rey, y a fait ses premières conférences. Aujourd’hui, à Lifou, la science se vit au quotidien. L’île profite aussi d’ambassadeurs d’exception que sont Charly Zongo ou Richard Waminya, des scientifiques qui ouvrent la voie et auxquels les jeunes peuvent s’identifier. Sans oublier qu’aujourd’hui nos élèves maîtrisent parfaitement leur sujet et sont bien plus à l’aise à l’oral que ceux du Nord, par exemple.

     

    La Fête de la science, les concours sont un moyen efficace de lutter contre le décrochage scolaire…

    Evidemment. Le retour à la pédagogie de projets est la solution. C’est par le projet, la concrétisation des savoirs que nous arrivons à impliquer les enfants, voire leurs parents. Voilà pourquoi les jeunes sont l’arme principale de Symbiose dans sa mission de diffusion de la culture scientifique. Les élèves sont notre relais auprès du grand public qui préfère souvent les écouter, eux, plutôt qu’un chercheur. Et ça marche, puisque cette année encore nous avons dû refuser du monde dans nos ateliers scientifiques. A Mariotti, seuls 28 élèves peuvent intégrer l’option sciences et cela, sur lettre de motivation. Sur 150 élèves, 85 ont fait la demande cette année ! Ma collègue de Lifou a dû faire face au même problème. Aujourd’hui, chaque mercredi, j’ai face à moi des élèves surmotivés et attentifs.

     

    Votre discours positif tranche avec ce qui se dit sur cette jeunesse sous addictions qui n’a plus envie d’apprendre…

    Cessons de faire des généralités ! La polémique fait vendre, alors on passe à côté de tout ce qui est bien. Mais le décrochage ne touche pas tous nos élèves et je suis optimiste quant à leur avenir. La plupart sont curieux, volontaires. Je le sais car en tant que chargée de mission pour le vice-rectorat je vais dans tous les établissements. Il y a une vraie envie, autant du côté des profs que des élèves. Reste que l’on nous demande d’appliquer un format métropolitain alors que nos problèmes sont très différents.

     

    Quelles sont ces différences ?

    L’état d’esprit de nos élèves lié à notre insularité, entre autres. Mais il faut aussi évoquer les disparités de confort d’apprentissage qui sont énormes si l’on tient compte du mode de vie de certains enfants, du temps passé dans les transports, de la vie en internat… C’est là que nous, professeurs, attendons beaucoup du transfert de compétences. Au-delà du transfert administratif, nous espérons un nouvel élan pédagogique, la réintroduction de la pédagogie de projets dont je parlais tout à l’heure et qui fait tant pour la réussite et la motivation de l’élève.

     

    En 2008, les résultats destests d’évaluation montraient que les enfants des provinces Nord et des Iles arrivaient au collège avec 31,7 % des acquis fondamentaux en maths contre 64 % en Métropole. En dix années de professorat, avez-vous noté des disparités d’apprentissage entre les communautés ?

    Ces tests d’évaluation n’existent plus. Et pour moi il n’y a pas de différences entre un élève wallisien, mélanésien ou européen. Selon moi, l’implication des parents a davantage d’impact sur la scolarité d’un enfant que ses origines ethniques. Si les parents arrivent à transmettre que l’école est importante, on arrivera à faire en sorte que l’élève, même s’il a des difficultés, ne décroche pas. Si les parents sont démissionnaires, s’ils ne voient pas la finalité de l’école, comment alors persuader un jeune de l’utilité de venir en cours, des savoirs qu’on lui transmet ? Cela vaut pour toutes les communautés.

     

    Vous parliez de Richard Waminya, rejoignez-vous ses recherches sur la transmission du savoir scientifique par la culture…

    Cela fait quelques années maintenant que les enseignants puisent dans la réalité locale pour transmettre des notions plus abstraites. En SVT, nous illustrons la reproduction des végétaux avec les ignames ; les espèces migratoires avec les baleines. C’est logique. Reste que les exemples ne seront pas les mêmes si l’on enseigne à Poindimié ou à Mariotti…

     

    Le vice-recteur parlait des sciences comme un secteur porteur pour la Nouvelle-Calédonie…

    Bien entendu ! Notre économie est tournée vers la science. Il y a énormément de débouchés. De la chaudronnerie à l’ingénierie en passant par la préservation de l’environnement, l’avenir, c’est la science. Le secteur est porteur d’emplois, mais ça, les jeunes ne le savent que trop peu.

     

    Les ressources scientifiques sont donc sous exploitées ?

    Clairement. On médiatise l’art et la culture car la Calédonie veut défendre son identité, sa citoyenneté, sa recherche du destin commun. On en oublie le reste. Tout ce qui fait aussi que, pour les sciences, le pays est exceptionnel. Le sport est aussi extrêmement valorisé. Mais il y a un Karembeu pour combien de scientifiques au potentiel évident ? Si l’on prend 50 métiers porteurs, je suis sûre que 80 % d’entre eux dépendent des sciences. Ce n’est pas négligeable. Pourtant, pour amener des élèves de Maré et d’Ouvéa à Lifou pour la Fête de la science, nous avons dû déplacer des montagnes. Et cela quand le financement des déplacements sportifs va de soi… Il faut un rééquilibrage en faveur des sciences !

     

    L’association Symbiose a-t-elle un nouveau projet en chantier ?

    Nous travaillons à une labellisation des établissements scolaires en matière de développement durable. Il les concerne tous, notamment Jules-Garnier, le lycée scientifique par excellence. L’idée est de coordonner des actions citoyennes quotidiennes, d’avoir un référent au sein de chaque établissement et de valoriser le travail effectué. Le projet doit être présenté en fin d’année.(*) Jusqu’au 5 octobre dans les trois provinces.

    Bio express

    • Nina Julié est née il y a 33 ans à Nouméa, d’un papa tahitien et d’une mère lyonnaise.

     

    • Après avoir fait sa primaire et son collège à Boulari, Nina rejoint le lycée Lapérouse puis l’Université de Nouvelle-Calédonie où elle obtient sa licence SVT.

     

    • Ensuite, direction Montpellier et une maîtrise SVT, option biologie cellulaire, puis une prépa Capes.

     

    • En 2002, Nina revient sur le Caillou. Elle devient, à 21 ans, enseignante au lycée de Poindimié. Puis rejoint le collège Mariotti, avant de devenir chargée de mission SVT au vice-rectorat et, dès 2009, présidente de l’association Symbiose, créée en 1994.

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