azerty

azerty

qwerty

qwerty

    Nouvelle Calédonie
  • Marion Courtassol / marion.courtassol@lnc.nc | Crée le 15.03.2017 à 09h31 | Mis à jour le 15.03.2017 à 09h31
    Imprimer
    Bruno a beaucoup puisé dans son mental de sportif pour se reconstruire. Aujourd’hui, il est passé de « l’autre côté de la caméra » en devenant moniteur. Photo Julien Cinier
    Témoignage. En 2012, à la suite d’une chute, Bruno est victime d’une lésion cérébrale. Après avoir réappris à marcher et à parler, entre grande fatigabilité et irritabilité, il doit gérer, tout comme ses proches, un handicap invisible.

    « Il y a cinq ans, à cause d’une chute, je suis passé de l’âge de 48 ans à 3 ans. Tout à coup, il a fallu que je réapprenne tout : à parler, à marcher, à réfléchir tout court… ». Ce qui s’est passé ce fameux soir de 2012 sur l’Anse-Vata, Bruno ne le sait pas et ne le saura jamais. Seule certitude : ce grand sportif, qui était alors commercial, est tombé depuis la promenade sur les rochers en contrebas pour se réveiller après plusieurs jours de coma en réanimation. Autour de lui, sa compagne et ses amis font bloc. Le combat ne fait que commencer. 
    « Je pensais que ça passerait comme un rhume, » se souvient Bruno. Mais son « rhume » est une lésion du cervelet. « C’est-à-dire tout ce qui concerne la conduite moteur. Tout mon côté gauche était touché, » précise-t-il. Une réalité que Bruno a du mal à réaliser : « Je reconnaissais tout le monde. Tous mes souvenirs étaient intacts. Il m’a fallu très longtemps pour prendre conscience de la situation. Alors, toujours à l’hôpital, j’essayais de me relever et je refaisais des chutes. J’étais intenable. »

    Plus tout à fait le même
    Le centre de soins de suite de réadaptation de Koutio n’existant pas à l’époque, deux mois après sa chute, Bruno est envoyé en Evasan à Bordeaux, près de sa famille, pour sa rééducation. « Tant que j’étais au CHT, je raisonnais comme s’il s’agissait d’une maladie. Mais là, en voyant les autres corps brisés, j’ai compris. » Kiné, ergothérapie, balnéo : « La rééducation est devenue mon travail. Quand je me voyais avec mes quatre membres, je me disais que je ne pouvais pas lâcher. J’allais promener ma canne dans le centre. Je m’entraînais moi-même. »
    Alors que son corps progresse, son cerveau mène une autre lutte. « Une lésion cérébrale, ce sont les liaisons neuronales qui sont rompues. C’est comme si le chemin de l’information n’existait plus, explique Maud, sa compagne. Comme si un solide pont d’autoroute s’était effondré et qu’il fallait passer par de petites routes de campagne pour rallier deux points. Le chemin se fait, mais cela prend plus de temps. » Et les conséquences sont bien concrètes : « Il a fallu tout réapprendre. Marcher, parler mais aussi me laver ou m’habiller», se rappelle Bruno.
    Son comportement aussi est altéré. « Tu te souviens de « fais pas ci, fais pas ça ? » On lui disait de ne pas faire quelque chose et il le faisait. Il n’était pas raisonnable et agissait comme un sale gamin, » se souvient taquine, Jennifer, sa meilleure amie. « Tu t’es refait une enfance et une adolescence et là, après cinq ans, tu reviens à l’âge adulte, » résume Maud.
    Mais pas tel qu’il était. « C’est toi, mais ce n’est plus toi », reconnaissent les deux jeunes femmes. Fatigabilité, irritabilité teintent désormais son caractère. « Quand il y a trop d’informations, mon cerveau ne les traite plus, explique Bruno. Mon temps de réaction est beaucoup plus long. De même, en fin de journée, avec la fatigue, j’ai du mal à parler distinctement. » Alors pour éviter stress et colère, « Il faut tout anticiper. Que tout soit bien rangé et planifié pour éviter tout énervement, détaille Maud. On fait des listes. On a des agendas dans chaque pièce. » Et puis il y a le regard des gens. « Quand il a du mal à se déplacer ou à parler, les gens pensent qu’il est ivre ou attardé, constate-t-elle. C’est bien le problème du handicap invisible. Il ne se voit pas ».

    Accepter son handicap
    Mais Bruno ne lâche pas. Cinq ans après, il continue ses séances d’orthophonie : « Tant qu’on lutte contre son handicap, ça ne peut pas bien se passer. Pour continuer à se battre il faut accepter qu’il y a des choses que l’on ne pourra plus faire et construire sa vie autrement ».
    Cet autrement, Bruno l’a voulu en phase avec sa grande passion, le sport. Après un bilan de compétences, il a donc refait ses bagages pour Bordeaux, direction le Creps, cette fois.
    Lui qui était titulaire, « dans mon autre vie », d’un monitorat a obtenu un certificat de spécialisation en « aide à l’intégration de la personne en situation de handicap. » Aujourd’hui il a créé son entreprise et travaille avec l’école du sport à Nouméa. Joli pied de nez à la fatalité.

    Une association pour soutenir les familles

    Il y a 18 mois est née en Calédonie l’association Charnière. Son but est d’apporter conseils et écoute aux familles et aux aidants de personnes traumatisées crâniennes et cérébro-lésées.

    C’est parce deux de leurs proches ont été confrontés à une lésion cérébrale que Christine Prat et Amandine Michaud, respectivement présidente et trésorière de Charnière, se sont lancées dans la création d’une association à destination des familles de traumatisés crâniens et cérébro-lésés de Nouvelle-Calédonie, rattachée à l’union nationale basée en Métropole. Toutes deux parlent « d’un véritable parcours du combattant » administratif entre hospitalisation, Evasan, reconnaissance du handicap… « Nous aurions aimé savoir à qui nous adresser. C’est ce rôle de conseil que nous jouons désormais auprès des familles, pour les orienter ».
    L’autre pan de leur action est l’écoute. « C’est très difficile quand l’accident, quel qu’il soit, survient, car on est sous le choc, dans la douleur. Mais il faut faire face, explique Amandine. On n’a pas le choix. Le soutien de l’entourage est fondamental ».

    « Il faut être fort tout le temps»
    Une pression très forte pour les proches. « Au début, on gère l’urgence. Puis on découvre ce qu’est le nouveau quotidien et qu’il va falloir être fort tout le temps. On finit par s’oublier dans tout ce que l’on met en place pour ça se passe bien. On finit par s’isoler et se sentir incompris même par les gens les plus proches de nous car cette vie, il faut la vivre pour savoir, » raconte Christine.  De fait, « la première fois que j’ai appelé l’association en Métropole, j’ai parlé pendant une heure. Ça m’a fait un bien fou de discuter avec une personne qui avait les mêmes mots que moi » se souvient-elle.

    Charnière, contact : 82 43 20. http://www.traumacranien.org/
    Mail : charniere@lagoon.nc

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS
    Contenus Locaux Sponsorisés










rigthbanner

rigthbanner