azerty

azerty

qwerty

qwerty

    Nouvelle Calédonie
  • Yann Mainguet | Crée le 15.09.2015 à 03h00 | Mis à jour le 24.07.2016 à 13h17
    Imprimer
    Les locomotives du FLNKS, l'UC de Daniel Goa et le Palika de Paul Néaoutyine, ne sont pas sur les mêmes rails quant à l'affaire sensible des exportations vers la Chine. Photo Archives LNC
    Alors que le dossier « nickel » doit être ouvert ce matin au gouvernement, l'Union calédonienne et le Palika font clairement apparaître leurs désaccords sur l'orientation d'un secteur économique clé. Une nouvelle zizanie ou une guerre des modèles ?

    Une nouvelle secousse atteint le FLNKS. La valse des communiqués de presse et les commentaires tranchés en attestent, la question polémique de l’ouverture d’un canal d’exportations de minerai vers la Chine divise la coalition indépendantiste. Un choc des locomotives du Front sur le nickel, un des leviers principaux pour la construction d’une souveraineté.

    L’affaire est d’autant plus lourde, que ce point stratégique ne relève pas stricto sensu de la cuisine interne, mais, au contraire, fait l’objet d’un large débat sur la place publique. L’histoire est en outre d’autant plus complexe, que les rouleurs peuvent être militants de l’Union calédonienne ou du Palika. Les échanges seront d’ailleurs chauds ce matin au gouvernement, les modalités possibles de valorisation des minerais dont la teneur en nickel est inférieure à 1,65 % devant être abordées lors de la réunion hebdomadaire (Lire page ci-contre). Le dossier « nickel », à l’image du lever des deux drapeaux en 2010, vient chahuter le Front, tout comme l’exécutif et le camp loyaliste.

     

    Changement. Le devenir de la terre riche et rouge est bien évidemment un sujet récurrent, dans les rangs indépendantistes. « A la fin du second plan, c’est-à-dire en 1989, la Nouvelle-Calédonie devrait cesser d’exporter le nickel sous forme de minerai », soulignait Jean-Marie Tjibaou, en octobre 1983, dans une interview accordée au mensuel 30 Jours, et intégrée dans l’ouvrage La présence kanak. « Nous avons donc un peu plus de six ans devant nous pour nous préparer à ce changement. Ce laps de temps devra être employé à préparer l’avenir dans une perspective de développement, de gestion, de mise en valeur du patrimoine, mais pour ce qui est de la cueillette, je le dis bien, c’est terminé. »

    Un consensus se dessinait, à l’époque chez les pro-Kanaky, sur l’arrêt du « pil- lage » et sur l’incontournable maîtrise de la ressource. Mais aujourd’hui, « ce n’est pas seulement gérer le minerai, c’est aussi gérer du capitalisme, gérer les modèles multinationaux », analyse Hamid Mokaddem, agrégé en philosophie et anthropologue. « C’est inédit ». Et clivant.

     

    Usines. Les bras de fer recensés au sein du tout récent Groupe de travail des présidents et des signataires de l’accord de Nouméa (GTPS) se retrouvent dans l’enceinte du FLNKS. Les représentants de l’UNI et du Palika défendent la doctrine nickel promue dans le Nord : pas d’exportations de minerais, sauf à destination d’usines off-shore. Tandis que l’Union calédonienne, pourtant favorable à un arrêt total des exportations de minerais bruts à partir de 2019, n’est pas contre des opérations ponctuelles de mineurs en difficulté, avant l’échéance, vers la Chine. Les uns dénoncent l’entente avec Wilfrid Maï, de MKM, proche de l’UC, et craignent l’ouverture d’une nouvelle filière pour tous les mineurs. Les autres pensent entrevoir derrière le projet de la SMSP avec Jinchuan. Les uns avancent leur fidélité à une ligne. Les autres vantent leur pragmatisme.

    Cet écart se transforme-t-il en fracture ? Non, entend-on chez les deux poids lourds du FLNKS. La stratégie de fond, adoptée en janvier à la tribu de Gamaï à Kaala-Gomen, est donc toujours d’actualité. Fin 2013 déjà, l’agacement était monté d’un cran au Palika, face au concept de l’Open dessiné par l’UC. Traduction : une « Opep » - Organisation des pays exportateurs de pétrole - du nickel. Le discours du Front doit être réglé, si la coalition ne veut pas voir ses failles exploitées avant 2018.

     Questions à... Hamid Mokaddem, agrégé en philosophie et anthropologue

    « La même configuration qu’en 1997 »

    Les Nouvelles calédoniennes : Le nickel divise aujourd’hui le FLNKS. Finalement, est-ce si surprenant ?

    Hamid Mokaddem : On doit prendre une distance critique par rapport aux jeux de division et d’alliance des partis politiques du FLNKS. Une division apparaît depuis quelques années autour de la gestion des institutions et des contrôles des leviers de l’économie. On peut examiner ces jeux d’alliance : d’un côté, l’UC du Nord alliée avec l’UNI-Palika et Calédonie ensemble; et de l’autre, l’UC du Sud alliée avec Les Républicains. Ces jeux d’alliance existaient déjà avant la carte du nickel, et ils portaient sur des gestions des institutions. Ces alliances peuvent paraître contre-nature quand on sait que le clivage structurel classique est « pour » ou « contre » l’indépendance.

    Ce n’est plus surprenant si on examine ces alliances et ces divisions du point de vue de la gestion du nickel et des institutions. Il faut regarder la géographie politique interne entre le Nord et le Sud. Mais il y a un autre élément d’analyse.

     

    Lequel ?

    Calédonie ensemble avance l’idée de « petite nation dans une grande nation ». Ce projet s’accorde avec la doctrine nickel du Nord, car il y a un point de convergence. Le seul point de divergence, c’est le statut politique de cette nation.

    En outre, il y a des calculs de positionnement qui se font par rapport aux négociations futures sur la sortie de l’accord.

    Nous avons la même configuration politique qu’en 1997 - avant la signature de l’accord de Nouméa, il y a eu le préalable minier -. Mais cette configuration est un peu plus compliquée. Ce ne sont plus des échanges de titres miniers, mais des conflits quant au choix des modèles de gouvernance économique.

     

    Toutefois, l’échéance de 2018 approche...

    Il vaut mieux que les conflits éclatent aujourd’hui. Pourquoi ? Quelle que soit la destinée du pays, autonomie ou souveraineté, il n’est pas bon que ces conflits soient intériorisés. Dans la mesure où ils risqueraient d’éclater avec beaucoup plus de virulence. Il vaut mieux que les partis politiques apprennent dès maintenant à négocier ces désaccords, et à traiter ces enjeux de gouvernance économique organisés autour des multinationales.

     

    La « doctrine nickel » du Front

    Adoptée mi-janvier par le bureau politique élargi du FLNKS à Kaala-Gomen, la « doctrine nickel » correspond à la stratégie minière et métallurgique du Front. Cette réflexion enrichie au fil des années s’appuie sur trois piliers. Le premier de ces objectifs primordiaux est la maîtrise de la ressource. Le deuxième intègre l’arrêt - sauf bien entendu pour les structures calédoniennes offshore - des exportations de minerais bruts, l’intérêt avancé étant de maximiser la plus-value et les retombées économiques dans le pays.

    Enfin, le troisième cap fixé par le FLNKS vise l’exploitation de cette matière première dans des complexes métallurgiques détenus par la Nouvelle-Calédonie à hauteur de 51 %, autant dans le pays qu’à l’extérieur dans des modèles offshore. Ce point est capital pour la coalition indépendantiste, qui voit une force dans ce schéma : outre leur mise en commun, être majoritaire au capital de nombre d’usines permet de valoriser le panel de minerais disponibles, de la garniérite à la latérite, de la forte à la faible teneur.


    Le chiffre

    50

    D’après l’experte Anne Duthilleul en 2012, au rythme d’exploitation que connaîtra le territoire après le démarrage des usines, les volumes de minerai en Calédonie représentent environ cinquante ans d’activité pour les garniérites, et plus de cent cinquante ans pour les latérites.

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS
    Contenus Locaux Sponsorisés










rigthbanner

rigthbanner