De longues secondes éprouvantes à prier pour une seule chose : rester en vie. Le 30 décembre, à Nouméa, Louane(1) a cru sa fin arrivée. Ce jour-là, cette mère de famille est tranquillement chez elle avec son fils de 4 ans. Son compagnon, Marc (1), avec lequel elle est en couple depuis six ans, rentre du travail. Mais il n’est pas comme d’habitude. En cette veille de réveillon, il a décidé de boire un coup avec ses collègues de travail pour la dernière fois de l’année. Une bouteille d’alcool fort, des bières…

« Votre fils vous suppliait d’arrêter »

Marc n’a pas l’habitude d’être ivre. Il va alors complètement péter les plombs. Un coup de folie qui lui a coûté, hier, un passage devant le tribunal correctionnel de Nouméa.

Le père, « un peu jaloux », selon ses propres termes, ne va pas mettre bien longtemps avant de se disputer avec sa compagne. Pour une histoire de téléphone… « Il a voulu vérifier mon Mobilis comme il le fait souvent mais j’ai refusé », raconte Louane. Voyant celle-ci lui tenir tête, Marc sort de son sac à dos un pistolet. D’un geste, il la braque et lui colle le canon sur la tempe. « Je vais te tuer, je vais te tuer », lui hurle-t-il. Louane, d’abord pétrifiée, se met à courir dans la maison avant d’être rattrapée dans le couloir. « Vous l’avez attrapée par les cheveux puis balancée sur le canapé. Là, vous l’avez frappée à coups de poing alors que votre fils vous suppliait d’arrêter », décrit la présidente du tribunal, Marianne Humbert-Deswarte. « J’ai vraiment eu très peur », confie Louane devant les juges.

Enfance violente

La scène ne s’arrête pas là. Alors qu’il a déjà roué de coups sa femme, il la braque une seconde fois. « J’avais mon enfant dans les bras », se souvient, tremblotante, la mère de famille. Tout se termine sur le palier de la maison grâce à l’intervention des voisins, alertés par les cris et contraints d’être à plusieurs pour ceinturer Marc. Celui-ci quitte ensuite l’appartement, laissant sa compagne avec un visage tuméfié, leur fils traumatisé à vie. Le pistolet, lui, ne sera jamais retrouvé par la police. « C’était un faux », assure maintenant le prévenu. « On ne le saura jamais et cela ne change rien car la victime n’est pas censée le savoir sur le moment », lui rétorque la présidente.

« Il a été élevé dans la violence, reprend Me Stéphane Dumons. De plus, il y avait entre eux des tensions depuis plusieurs mois. » Mais l’argumentaire n’y fait rien. « Elle n’est pas morte seulement parce que les voisins ont arrêté son compagnon », s’indigne le substitut du procureur, Richard Dutot, qui requiert cinq années de prison car « il n’a pas sa place dans la société ». « Donnez-lui une chance, je réclame votre indulgence », implore Me Dumons. Marc héritera d’une peine lourde : trois ans ferme. Il n’avait encore jamais frappé sa femme. Il aura suffi d’une fois pour se retrouver au Camp-Est.

(1) Les prénoms ont été modifiés.