L’enquête, basée sur de nombreux renseignements anonymes, n’a pas traîné. Les enquêteurs de la gendarmerie ont mis la main sur l’auteur des tirs par arme à feu que les militaires avaient essuyés, il y a une dizaine de jours, alors qu’ils se trouvaient en opération dans le secteur de Saint-Louis. Ainsi, trois jeunes hommes, dont deux mineurs, ont été, tout récemment, interpellés par les forces de l’ordre. Entendu en garde à vue, l’un d’eux a avoué les tirs. Il est âgé d’à peine 15 ans.

« Tendre un piège »

Ce 2 mars, les militaires prennent en chasse un véhicule, qu’ils savent volé depuis un mois, à hauteur de Saint-Louis. Ses occupants se sentant poursuivis, la voiture s’engouffre dans la tribu. « On l’a abandonnée plus loin avant de s’enfuir », raconte Iverick, tout jeune majeur de 19 ans et déjà expert en cambriolages. Le multirécidiviste comparaissait, vendredi, au tribunal correctionnel.

Mais au lieu de disparaître complètement, les jeunes se cachent à proximité du véhicule et attendent l’arrivée des gendarmes pour leur « tendre un piège », relate le président du tribunal correctionnel où le multirécidiviste Iverick était jugé pour plusieurs cambriolages, et surtout « complicité de violence sur une personne dépositaire de l’autorité publique ».

Car le fusil longue portée équipé d’une lunette de visée, qui a servi à l’adolescent, c’est celui d’Iverick. Ou plutôt celui qu’il avait volé au cours d’un cambriolage deux semaines plus tôt. « [Le jeune de 15 ans] m’a pris l’arme des mains. Je lui ai dit que ça pouvait être grave, qu’il ne fallait pas toucher au fusil mais il ne m’a pas écouté », explique Iverick, sous les yeux de sa grand-mère, présente dans la salle. Son ami fait ensuite feu à deux reprises sur le véhicule de la gendarmerie. « Le blindage les a sauvés », avait réagi, le lendemain, Alexis Bouroz, le procureur de la république.

Avec les « cafards »

Si c’est la première fois qu’Iverick est jugé devant un tribunal correctionnel, il est un habitué du palais de justice pour avoir été maintes fois devant la juridiction pour mineurs. « Sans repères », « abandonné par ses parents » et « déstructuré », son avocat plaide pour lui « donner un coup de pouce ». Mais son passé judiciaire - quatre pages de casier depuis 2014 - ne va pas en sa faveur, lui qui a connu l’incarcération au Camp-Est dès l’âge de 17 ans.

Membre de la fameuse bande des « Cafards », comme ils se surnomment entre eux, Iverick est « un rapace qui passe son temps à traîner ». « Ce représentant des jeunes délinquants multirécidivistes » a donc écopé, vendredi, de trois ans de prison ferme. Deux jours plus tôt, il avait été condamné à 18 mois d’emprisonnement devant le tribunal pour enfants. Recherché, il ne s’était alors pas présenté à la barre.