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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Esther Cunéo / esther.cuneo@lnc.nc | Crée le 12.01.2018 à 04h25 | Mis à jour le 12.01.2018 à 09h20
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    Aujourd’hui on s’aperçoit que tous les grands enjeux de demain vont être très largement déterminés par les questions climatiques. Photo Cyril Terrien
    Interview. Invité par la Communauté du Pacifique, François Gemenne, expert des migrations liées à l’environnement, anime ce matin une conférence sur « une question qui touche à tous les grands enjeux du XXIe siècle », et auquel le Pacifique Sud est aussi exposé.

    ENTRETIEN avec François Gemenne

    Les Nouvelles calédoniennes : Qu’est-ce que la géopolitique environnementale ?
    On a toujours considéré que le climat et l’environnement étaient des questions techniques. On n’a pas du tout réalisé que c’était devenu des acteurs très importants dans les relations internationales, et que si on voulait aborder les grands enjeux du monde de demain, c’est-à-dire les migrations, le développement, l’énergie ou la sécurité, on ne pouvait pas faire l’économie des questions de climat.
    C’est un changement assez profond par rapport à une époque pas si lointaine, celle des années 80 et 90, où on considérait que la terre et le monde étaient deux entités séparées. Que l’une était l’affaire des scientifiques, et l’autre celle des politiques, des économistes ou des sociologues. On se rend compte finalement qu’on ne peut plus considérer les deux distinctement, mais qu’il faut réinventer une sorte de géopolitique, et donc littéralement une « politique de la terre ».

    Les migrations de populations du fait de l’environnement, c’est une réalité aujourd’hui ?
    Absolument. L’ennui c’est qu’on voit souvent la migration comme une menace lointaine qui toucherait uniquement les petites îles du Pacifique. Or, le changement climatique a déplacé 25 millions de personnes en 2016 en raison des catastrophes naturelles. C’est quand même trois fois plus que le nombre de personnes déplacées par les guerres.
    C’est donc une réalité très importante qu’on a très longtemps ignorée, notamment dans les politiques migratoires, où l’on considère – encore aujourd’hui – que l’on a d’un côté les bons réfugiés politiques, et de l’autre les mauvais migrants économiques, selon une dichotomie très simpliste, et sans tenir compte des autres motifs de migration.
    Les bases sur lequel on a élaboré toutes nos politiques migratoires aujourd’hui ne tiennent plus.

    Dans quelles mesures le Pacifique est-il plus concerné ?
    C’est une région très exposée aux impacts du changement climatique, parce que beaucoup de territoires sont isolés les uns des autres. Certains sont très vulnérables à la montée des eaux, et aux catastrophes brutales comme les ouragans. Aujourd’hui de plus en plus de populations insulaires comme à Tuvalu ou à Kiribati – des Etats souverains et indépendants – envisagent leur avenir non plus sur leur île, mais en Nouvelle-Zélande, en Australie et peut-être demain en Nouvelle-Calédonie.

    A Kiribati justement, les jeunes sont formés à des métiers porteurs en Australie ou en Nouvelle-Zélande, est-ce une bonne stratégie ? 
    C’est en tout cas la stratégie qu’ils ont choisie. ça s’appelle « Migration with dignity » (la migration avec dignité, NDLR). L’idée est de former les jeunes à des compétences utiles dans d’autres pays afin qu’ils puissent s’expatrier. Les Kiribati constituent une sorte de diaspora éclatée à l’étranger. Tuvalu en revanche s’oriente vers un accord de migration avec la Nouvelle-Zélande, ou d’achat de terre à Fidji, avec l’idée de garder la population à un seul endroit. Mais c’est frappant de voir que les pays et les territoires dans le Pacifique conçoivent leur futur différemment. La question c’est : qu’est-ce qu’on va pouvoir trouver comme arrangement migratoire dans le Pacifique ? La Nouvelle-Zélande vient d’ouvrir une porte très importante, avec le lancement d’un visa humanitaire qui accorde un droit de résidence permanent pour les personnes déplacées par le changement climatique. C’est le premier Etat au monde à faire ce geste. Mais il le fait aussi parce qu’il y trouve un intérêt. C’est un pays qui est demandeur de travailleurs saisonniers, qui cherche toujours à se peupler. Sera-t-il suivi par d’autres Etats, comme la France ? (...) Mayotte accueille déjà énormément de migrants de toute la région, on peut imaginer que demain ce soit le cas de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française.

    La Calédonie peut-elle aussi trouver un intérêt à accueillir des migrants ?
    On peut tout à fait l’imaginer, mais ça va beaucoup dépendre de ses politiques migratoires. A-t-elle plus intérêt à décider d’introduire un visa, ou de trouver des accords de migration avec certains territoires insulaires ? Ça se prépare. Plus on se prépare en amont, mieux on évite le chaos, et les attitudes de rejet, ou de racisme, comme on peut le voir on Europe, parce qu’on refuse d’organiser ces migrations.

    Ce vendredi 12 janvier, de 10h à 12h dans la salle Jacques Iekawé (grande salle de conférence) du siège de la CPS au 95 boulevard Roger Laroque, conférence-débat intitulée « De l’insularité des îles : climat, migrations et sécurité dans le Pacifique-Sud ».

    Bio express

    Véritable pointure sur les questions de géopolitique de l’environnement, François Gemenne, 37 ans, est directeur exécutif du programme de recherche interdisciplinaire « Politiques de la Terre » à Sciences Po (Médialab).

    Il est par ailleurs chercheur qualifié du FNRS (Fonds national de la recherche scientifique) à l’Université de Liège et à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

    Le jeune chercheur liégeois enseigne également les politiques d’environnement et les migrations internationales à Sciences Po Paris et Grenoble, et à l’Université Libre de Bruxelles.

    Ses recherches sont essentiellement consacrées aux migrations et aux déplacements de populations liés au changement climatique, aux catastrophes naturelles, ainsi qu’aux politiques d’adaptation.

    Il a effectué de nombreuses études de terrain, notamment à La Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina, dans l’archipel de Tuvalu dans le Pacifique, en Chine, au Kirghizistan, aux Maldives, à l’île Maurice et au Japon après la catastrophe de Fukushima. Il a notamment coordonné le projet Devast, un des premiers projets internationaux consacrés à l’étude des conséquences politiques et sociales de la catastrophe de Fukushima.

    (Source Science Po Medialab)

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