ENTRETIEN avec Alexandre Bareilles, conseiller au Point Info Énergie

Les Nouvelles calédoniennes : Le livret que vous publiez, « Construire avec le climat en Nouvelle-Calédonie », se réclame de l’architecture bioclimatique. Pouvez-vous expliciter le concept ?

L’idée générale, c’est « jouons avec les atouts naturels pour diminuer la consommation d’énergie d’un bâtiment ». En tenant compte du climat tropical calédonien, on donne des conseils pour réduire l’utilisation de la climatisation, c’est le cœur de notre ouvrage.

Pensez-vous qu’il est possible de convaincre les Calédoniens de se passer de climatisation ?

On ne va pas y arriver tout de suite, c’est une évidence. Et de toute façon, je dirais que supprimer les climatiseurs, ce n’est même pas notre objectif. Certaines habitations deviennent des « fours » en été et il ne s’agit pas de priver les gens de confort. À l’heure actuelle, nous cherchons plutôt à automatiser les comportements de bon sens, avec des solutions intelligentes et à moindre coût.

Quels sont ces comportements ?

Je sors de chez moi, j’éteins la climatisation. Quand je l’utilise, je ferme les fenêtres. Et si je construis ma maison, je fais les bons choix pour minimiser les besoins en climatisation. Conserver de la végétation autour de la maison, ça ne coûte pas grand-chose et c’est très efficace.

Quel budget minimal faut-il engager pour obtenir des résultats significatifs ?

Passer aux ampoules électriques LED, c’est à la portée de tous. Pour des travaux un peu plus lourds, comme vous l’imaginez, il est très difficile d’établir un budget de but en blanc. Tout dépend de la qualité des matériaux et des équipements que l’on choisit. Ce que garantit le Point Info Énergie, c’est que les choix préconisés dans le livret sont rentables. En installant des casquettes ou des jalousies, pour ne citer que ces deux éléments, on s’y retrouve : sur la durée totale d’utilisation, les économies d’énergie surpassent systématiquement l’investissement de départ.

Et il ne faut pas oublier que les travaux de rénovation améliorent la valeur du logement.

Quid des locataires ? Ils ne restent pas forcément assez longtemps dans leur logement pour bénéficier pleinement des travaux.

Depuis la réforme de l’impôt sur le revenu, appliquée l’an passé, les locataires peuvent déduire de leur impôt le coût des travaux. La limite est fixée à un million de francs par an, ce qui est un budget largement suffisant pour des transformations importantes. Cette possibilité reste donc réservée aux foyers qui gagnent suffisamment pour payer l'impôt sur le revenu, évidemment.

Pour des personnes qui sont peu habituées aux travaux, le guide est-il une aide suffisante pour se lancer ?

Le guide donne les grandes directions, il sert à éveiller la curiosité, à créer la demande. Pour aller plus loin, nous proposons un rendez-vous individuel. On affine, on chiffre, on aide à faire le choix entre plusieurs devis, parce qu’il y a autant de solutions que de maisons et d’appartements.

Qu’espérez-vous de la réglementation énergétique de Nouvelle-Calédonie, que le Congrès devra valider ?

C’est le texte que nous attendons avec impatience. À l’image de ce qui s’est passé en Métropole, c’est cette réglementation qui imposera des solutions écologiques aux constructeurs et qui commencera un changement d’attitude d’ensemble.

Où en est la procédure de construction du texte ?

L’Ademe (lire ci-contre) et la Dimenc (Direction de l’industrie, des mines et de l’énergie) ont travaillé sur le sujet et rendu leurs conclusions. La balle est dans le camp des élus, nous attendons le passage du texte au Congrès.