Des tonnes de pneus en chips pour le bâtiment

Environnement

E.C. | Crée le 08.12.2015 à 03h00 | Mis à jour le 24.07.2016 à 14h22

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$Cisaillées par un broyeur, les plaquettes de pneus partent ensuite sur un convoyeur puis sur un crible afin d\'être calibrées.$

Cisaillées par un broyeur, les plaquettes de pneus partent ensuite sur un convoyeur puis sur un crible afin d'être calibrées. Photo EC

Bassin de rétention, parking ou fond de casier : la toute première filière de traitement et de valorisation complète offre aux pneus usagés une nouvelle vie.

Englouties par une grande gueule métallique, des grappes de pneumatiques sont lentement cisaillées avant d’être recrachées en chips. Le procédé Draingom® fait son apparition en Calédonie. Parking, terrassements, bassins de rétention, chaussées réservoir, fonds de casier : cet exutoire propose une nouvelle vie aux pneus usagés depuis le mois dernier. « C’est la première filière de traitement et de valorisation complète », se félicite Philippe Scornet, responsable des exploitations à la CSP Fidélio, opérateur agréé par la province Sud. Le circuit a fait l’objet d’une convention technique tripartite, entre Veolia, la CSP et Draingom®.

Valorisées en fonds de casier

Fort d’un contrat d’exclusivité de cinq ans avec l’éco-organisme Trecodec, le concessionnaire a ouvert une plateforme à l’ISD (Installation de stockage des déchets) de Gadji, capable de traiter près de 3 000 tonnes de pneus selon les estimations annuelles de gisement. Sur ce volume, 1 000 tonnes seront valorisées pour les fonds de casiers (lire encadré). Le reste sera commercialisé dans le secteur du bâtiment à raison de 4 000 francs le mètre cube. « Un mètre cube de Draingom® égale 500 kilos, tandis que 1 m3 de matériaux classiques égale 1 300 kilos, soit presque trois fois plus », argumente le responsable.

Pour lui, aucun doute. Le Draingom® présente un gros avantage sur le transport, le stockage, et des propriétés anti colmatage intéressantes. Compactées au rouleau compresseur, les chips offrent une forte adhérence sous pression. « C’est plus intéressant pour les ouvrages de soutènement que la caillasse classique, qui exerce une forte poussée à l’horizontale, puisqu’elle est plus lourde. »

Le bâtiment très intéressé

De nombreux maîtres d’ouvrage et des entreprises du bâtiment auraient montré leur intérêt pour ces plaquettes. La filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) sur le principe du pollueur-payeur, « s’inscrit dans une démarche de développement durable », assure l’entreprise.

Contrôlées par les laboratoires SGS suivant les normes ISO (Organisation internationale de normalisation), la composition et la teneur en polluants toxiques des eaux rejetées dans le milieu naturel n’auraient aucun impact avéré sur l’environnement.

Des galets de rivière en attendant la filière

En mars dernier, un incendie avait embrasé plusieurs alvéoles de l’ISD de Gadji, coûtant « plus de 100 millions de francs » à son concessionnaire, la CSP Fidélio. La province Sud lui avait alors demandé de ne plus utiliser de pneus usagés pour ses fonds de casiers. En solution de remplacement, l’entreprise a utilisé des galets de rivière. La piste criminelle pour le départ de feu étant confirmée par les experts, l’entreprise a décidé - avec l’accord de la province - de reprendre la valorisation des chips de pneus comme matériau drainant en fond de casiers, mais par tranche, et en le recouvrant immédiatement de déchets, c’est-à-dire sans le laisser à l’air libre.