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    Pacifique
  • Marie Guitton / La Dépêche de Tahiti | Crée le 29.01.2016 à 10h15 | Mis à jour le 24.07.2016 à 14h58
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    De 1966 à 1996, la France a mené 193 essais nucléaires dans le Pacifique, dont 46 aériens. Photo DR
    Le 27 janvier 1996, la France tirait son 193e et dernier essai nucléaire aux Tuamotu, achevant trente années de campagne atomique. Aujourd'hui, cette page de l'histoire est méconnue des jeunes Polynésiens.

    « Les essais nucléaires ? » Devant les lycées Taaone et Aorai, à Pirae, la question prend de court les élèves. Moruroa, c’est à peu près tout ce qu’ils savent. Fangataufa ? « Jamais entendu parler », répondent Hawaiki, 16 ans, et Raihei, 18 ans, en 1re ES. D’autres hésitent, ne se rappellent plus très bien qui en était à l’origine… La France, les États-Unis ? « Non, on n’a pas vu ça en cours, expliquent les jeunes filles. Parce que ça concerne la Polynésie, alors que les cours d’histoire sont axés sur la France… »

    Le 27 janvier 1996, il y a vingt ans, c’est pourtant bien la Métropole qui tirait sa dernière bombe (souterraine en l’occurrence) depuis l’atoll de Fangataufa, aux Tuamotu. Depuis 1966, c’était son 193e essai nucléaire en Polynésie française. 

     

    Au détour des cours sur la Guerre froide

    Aujourd’hui, si les associations de vétérans comme Moruroa e tatou continuent à se battre pour l’indemnisation des victimes, il ne reste plus grand-chose de ce pan de l’histoire chez les jeunes. Au fenua, le thème est censé être brièvement abordé en CM2 sous l’angle de l’ouverture de la Polynésie française au monde, puis en classe de 3e, au détour des cours sur la Guerre froide. 

    « On évoque l’importance de la force nucléaire et le développement des expérimentations dans le Pacifique », indique simplement le programme d’histoire adapté. « L’essentiel de l’histoire locale n’est plus enseigné, s’agace l’historien Jean-Marc Regnault, chercheur associé à l’Université de la Polynésie française. C’est un gâchis énorme dont l’Etat a la responsabilité. »  Les professeurs métropolitains de passage ne prendraient pas le temps d’apprendre l’histoire locale, tandis que leurs collègues polynésiens hésiteraient à aborder cette question sensible, au même titre que la colonisation. 

    « Leurs parents leur ont appris à se taire, explique Jean-Marc Regnault. Ou alors, si on en parle, on est considéré comme un indépendantiste… »

     

    « On veut être informés »

    Au lycée Paul-Gauguin de Papeete, une professeure d’histoire-géographie assure toutefois que les essais ne sont pas un sujet tabou. « En 1re et en terminale, on peut les aborder en enseignement moral et civique ou lors des cours sur De Gaulle, selon les aspirations des élèves et des professeurs », explique-t-elle. Mais à l’entendre, la plupart d’entre eux seraient un peu « fiu » de l’histoire locale.

    Devant les roulottes du Taaone, au contraire, les jeunes Polynésiens affirment leur curiosité : « On aimerait bien savoir, disent Hawaiki et Raihei. C’est quand même chez nous, on veut être informé de ce qui se passe ! »

    À défaut de transmission, Heinui Le Caill, bientôt 40 ans, est à peu près la seule caution « jeune » de Moruroa e tatou. Lui a découvert cette partie de l’histoire par le biais du Tavini Huiraatira. Aujourd’hui président de Radio Tefana, mais également employé au service de l’éducation, il exhorte les différents acteurs au réalisme : « On n’en parle pas assez aux enfants, alors que ce sont eux qui auront à en supporter les conséquences, notamment écologiques ».

     

     

     

    Tollés et émeutes

    Le contexte tendu des derniers tirs expliqué par l’historien Jean-Marc Regnault, chercheur associé à l’Université de la Polynésie française :

    « Sous François Mitterrand, en 1992, les essais avaient été suspendus. Ce qui avait justifié la bombe atomique, c’était la Guerre froide. Or avec la chute du Mur de Berlin en 1989 et l’effondrement de l’URSS, la France n’était plus directement menacée. […] Mais Jacques Chirac, qui lui a succédé, se réclamait du gaullisme. C’était la puissance de la France, dont le nucléaire était l’outil.  Il n’a donc pas hésité, en 1995, à reprendre les essais, au prétexte que la bombe n’était pas encore au point. 

    Toutes les Églises du Pacifique se sont élevées contre la reprise des tirs. À l’époque, le Tahoera’a avait accepté de jouer le jeu, même si des voix dissidentes commençaient à se faire entendre. Ça a créé des divisions au sein des Polynésiens. Il y a eu des émeutes lors du premier tir de reprise et il a fallu attendre le dernier essai, le 27 janvier 1996, pour détendre l’atmosphère. 

    Gaston Flosse a alors signé pour Jacques Chirac le traité de Rarotonga sur la dénucléarisation du Pacifique, qui était en attente depuis dix ans. Et l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont repris très progressivement les relations avec la France. »

    Réactions

     

    Étienne Raveino, 17 ans, Manuvai Rehua, 16 ans, et Vladimir Tehoamoana, 16 ans, en 1re au lycée Taaone : « On veut savoir. »

     

     

    « Les essais nucléaires ? Jamais entendu parler », répondent Hawaiki, 16 ans, et Raihei, 18 ans, en premi§re ES.

     

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