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    Pacifique
  • Nouvelle-Zélande
    Reportage à Tauranga : Jérôme Gavelle | Crée le 15.10.2011 à 03h00 | Mis à jour le 23.07.2016 à 23h11
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    Le long des baies, les équipes de militaires et d'agents communaux nettoient les galettes de fuel en provenance du Rena. Photo : Jérôme Gavelle
    L'ambiance au sein de la population de Tauranga va de l'amertume à la colère. De nombreux habitants de la ville appréhendent les conséquences de la marée noire sur l'activité économique de la saison estivale.

    Temps gris et petite bruine, une météo qui reflète bien l’humeur des habitants de Tauranga et de ses environs dont les habitants sont confrontés à la pire des marées noires de l’histoire du pays. En cette période de vacances scolaires, parents et enfants viennent sur les plages. Mais pas pour jouer, se baigner ou faire du surf. Car, de toute façon, l’accès au sable leur est interdit.
    Pour observer, impuissants, les équipes de militaires et d’agents communaux qui nettoient les galettes de fuel en provenance du Rena. Un porte-conteneurs échoué depuis près de dix jours sur le récif de l’Astrolabe situé à vingt kilomètres au large de la ville mais qui a déjà déversé 350 tonnes des 1 700 contenus dans ses réservoirs. Une épave que l’on distingue à peine posée sur l’horizon embrumé.

    Dégoûtée.?Dominique Le Sellin, une institutrice française, qui vit à Tauranga depuis six ans, regarde les vagues d’une teinte noirâtre se briser sur le rivage en grimaçant : « Je suis dégoûtée vraiment ! Il a fait un temps splendide pendant une semaine et rien ne s’est passé. Et puis la tempête est arrivée et maintenant nous sommes confrontés au pire des scénarios. La ville de Tauranga et plus encore ce quartier de Mont Manganui sont très touristiques. Il y a des paquebots qui arrivent tous les jours et qui font vivre un grand nombre de commerces ou d’entreprises diverses. Si les paquebots ne viennent plus à cause du risque que posent les conteneurs à la dérive, ou simplement parce que venir en vacances sur une plage remplie de goudron n’intéresse personne, alors cela va être un sale été pour l’économie de la ville. »
    Une analyse largement partagée par Mag Palmer, la patronne du « Fresh Fish and Chips Market » de Mont Manganui.

    Conteneurs.?« Nous sommes réputés ici pour la fraîcheur et la qualité de nos produits. Une bonne partie de nos poissons et fruits de mer proviennent de la Baie. Donc il est évident que nous allons avoir un problème d’approvisionnement. En outre, la marée noire va affecter la fréquentation touristique. Or vous savez ici, nous ramons tout l’hiver et nous faisons notre chiffre d’affaires annuel pendant l’été. Alors si les touristes ne viennent pas cette année, beaucoup de commerces et d’entreprises vont souffrir.»
    Une éventualité que confirme Stewart Arnold qui gère l’entreprise d’observation des dauphins et des baleines « Dolphin Safari ».
    « Nous retenons notre respiration en espérant que les secours arrivent à extraire le reste du fuel dans le bateau dans les prochains jours. Mais pour nous, les conteneurs à la dérive sont un problème majeur, car ils constituent un danger à la navigation et pourraient nous empêcher d’exercer notre activité. »

    La population mobilisée

    Les autorités néo-zélandaises ont enfin accepté hier l’aide de la population pour procéder au nettoyage des plages. Près de deux mille personnes avaient demandé à se rendre utile.
    « Le problème c’est que nous devons former tous ces gens car nettoyer le pétrole sur la plage n’est pas aussi simple que ça en a l’air », explique Catherine Taylor, la directrice de Maritime New-Zealand qui coordonne les opération de secours et de nettoyage. « Les volontaires doivent faire très attention car ce fuel est toxique et aussi parce qu’il ne faut pas le disséminier partout en ville, ce qui serait pire. Il y a donc des techniques et des précautions importantes à suivre avant de commencer. Par exemple, porter des combinaisons appropriées, des bottes et des gants qui doivent être rendus avant de quitter la plage. Il ne s’agit pas de rentrer chez soi avec des vêtements souillés et les nettoyer car le pétrole retournerait ainsi dans la mer. »
    Plus d’une centaine de volontaires ont donc été formés avant de former à leur tour des groupes de dix personnes. Mille volontaires ont participé au nettoyage hier mais Catherine Taylor a encouragé ceux qui n’ont pas été choisis à revenir car « c’est un travail de longue haleine que nous avons devant nous ! »

    Que pensez-vous de cette marée noire ?

    Jane
    « Envie de pleurer »

    « Cela me donne envie de pleurer, c’est tellement triste. Cette plage est une des plus belles du pays et regardez la aujourd’hui ! Ce sont les vacances et en temps normal, la plage devrait être pleine de monde, de familles, et de surfers. Mais voilà je n’ai même pas le droit d’emmener mes petits enfants sur le sable. Ici tout le monde ou presque a un bateau ou une plate pour aller à la pêche. »

    James
    «Je suis écœuré »

    « Je suis écœuré de voir ça. Je suis pêcheur et je ne sais pas ce que je vais faire. Je vais devoir aller beaucoup plus loin et avec mon petit bateau c’est dangereux et puis ça coûte cher en carburant. Toute ma famille appartient à la tribu Ngati Ranginui et de nombreux membres de la tribu vivent des produits de la mer. Ça va être dur pour eux et ils sont très inquiets. »

    Dominique
    « Triste et en colère »

    « Je suis à la fois dégoûtée, triste et en colère. Les gens d’ici entretiennent un lien fort avec la mer, que ce soit au niveau sportif, économique, ou simplement de loisirs. D’ailleurs beaucoup de gens veulent aider à nettoyer la plage et pour le moment on ne nous laisse pas ! C’est très frustrant ! Moi en tout cas je me suis inscrite comme volontaire et pour le moment j’attends qu’on m’appelle. »

    Dave
    « Pas de kitesurf »

    « Pas de surf, ni de kitesurf ! Vous voyez, il n’y a personne dans l’eau à cause du fuel ! Le championnat national de kitesurf qui devait avoir lieu ici la semaine prochaine et pourrait être annulé. Mais j’ai quand même espoir que les choses s’arrangent pour les vacances estivales. Les conteneurs ne sont pas un problème, le fioul si !

    Repères

    Les opérations de pompage devraient reprendre
    Jusqu'à présent, environ 350 tonnes de carburant lourd, épais et toxique se sont répandues en mer, ainsi que 88 conteneurs Une inspection effectuée par une équipe de secouristes a cependant permis de constater que les réservoirs arrière du navire, qui renferment encore un millier de tonnes de carburant, étaient intacts. Les secours tentent d’organiser la reprise du pompage du fuel pendant que les conditions météorologiques sont clémentes.

    La police surveille les pilleurs
    Plusieurs conteneurs se sont déjà échoués sur le littoral. La police les a immédiatement placés sous surveillance en attendant qu’ils soient retirés. « Le contenu de ces conteneurs appartient toujours à leur propriétaire ou à la compagnie d’assurance qui devra rembourser ses clients. Mais en outre certains conteneurs peuvent contenir des produits dangereux. Nous ne pouvons laisser le public s’en approcher », explique l’inspecteur de police Karl Wright St Clair.

    Débat politique
    A quelques semaines des élections législatives, le leader du parti Travailliste, Phil Goff, a déclaré que s’il était élu, il gélerait toutes les licences d’exploration de forage sous-marin « en attendant d’être certain que la Nouvelle-Zélande dispose des moyens nécessaires pour répondre efficacement à un éventuel accident.
    Au vu de ce qui s’est passé dans l’affaire du Rena, je ne suis pas sûr que nous soyons prêts », a-t-il déclaré. Le gouvernement actuel a accordé des licences au géant Brésilien Petrobras pour explorer plus au sud de la Bay-of-Plenty.

    « Un avant-goût du Big One »
    L’accident d’un porte-conteneurs en Nouvelle-Zélande est « un avant-goût du Big One », « la grande catastrophe à venir dans le trafic maritime de marchandises conteneurisées », a estimé jeudi l’ONG Robin des Bois. « A l’échelle des plus grands, l’échouage du Rena sur les récifs de l’Astrolabe avec ses 1 351 conteneurs déclarés par l’armateur et ses 1 700 tonnes de fuel est un amuse-gueule », prévient l’association. Mais cet accident, « et l’incapacité de l’armateur et des services maritimes néo-zélandais à dégager le navire, à colmater les fuites de fuel et à éviter les pertes de conteneurs préfigurent la grande catastrophe à venir dans le trafic maritime de marchandises conteneurisées. »

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