Il semble que l'Australie soit devenue un véritable eldorado pour les champions de l'armement. Le pays était le sixième importateur mondial d'armes en 2014, selon le cabinet IHS, seulement devancé par l'Arabie Saoudite, l'Inde, la Chine, les Emirats arabes unis et Taïwan. Selon le think-tank suédois Sipri, les acquisitions australiennes de matériel militaire ont augmenté de 65 % entre 2010 et 2014.

Malgré le ralentissement de l'économie, les importations d'armements sont encore en hausse en 2015, à 2,5 milliards de dollars. Malgré une population de seulement 22,7 millions d'habitants, l'Australie a le 11e budget militaire mondial (33 milliards de dollars), devant des pays comme l'Italie ou le Canada.

japon et allemagne sur les rangs

Si DCNS est optimiste depuis la nomination de Malcolm Turnbull, le leader français de la construction navale militaire est en concurrence avec l'allemand Thyssenkrupp Marine Systems (TKMS) et un consortium japonais rassemblant Kawasaki et Mitsubishi.

Les japonais étaient les favoris de l'ancien Premier ministre, Tony Abbott, mais moins en grâce avec Malcolm Turnbull. Un temps refoulés à la nomination du nouveau Premier ministre, ils semblent revenir dans la course. M. Turnbull va d'ailleurs effectuer une visite officielle au Japon en décembre et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a déjà fait savoir que le projet Sea 1000 sera au cœur des discussions. Les dispositifs de lobbying allemands sont également omniprésents avec l'épouse du Premier ministre australien, Lucy Turnbull, élue présidente de la chambre de commerce australo-allemande.

Mais DCNS ne manque pas d'atouts, en proposant une version conventionnelle du sous-marin nucléaire d'attaque Barracuda, nouveau fleuron de la Marine nationale, dont le premier exemplaire doit être livré en 2017. Le groupe français est familier de ces machines de 4 000 tonnes, à l'inverse de son concurrent allemand.

Un marché juteux

C'est dans ce contexte hautement concurrentiel que l'ambassadeur de France en Australie, Christophe Lecourtier, est monté au créneau pour défendre l'offre de DCNS, pour lequel le marché australien est essentiel. Au-delà du discours sur les vertus de la technologie française, passant de l'A380 au lanceur Ariane jusqu'au nucléaire civil plébiscité, selon lui, par les Chinois eux-mêmes, Christophe Lecourtier a officialisé le fait que la France soit prête à proposer à l'Australie un véritable partenariat stratégique.

François Hollande s'est également entretenu avec le nouveau Premier ministre. L'Elysée souligne que le président a plaidé pour la poursuite de la dynamique engagée entre les deux pays depuis sa visite d'Etat en novembre 2014, la première d'un président français dans le pays. L'Elysée rappelle aussi que la France et l'Australie sont engagées ensemble dans la lutte contre le terrorisme en Irak et en Syrie.

Une commission d'experts a été mise en place pour analyser les offres des différents concurrents. Le gagnant de ce juteux contrat devrait être désigné à la fin du premier trimestre 2016.