azerty

azerty

qwerty

qwerty

    Nouvelle Calédonie
  • Textes : Julia Trinson | Crée le 06.10.2018 à 04h32 | Mis à jour le 06.10.2018 à 04h32
    Imprimer
    A la fois atypique et tellement iconique. Parmi les communes les plus connues du pays, l’île des Pins affiche des paysages de carte postale, mais pas seulement. Une histoire riche et complexe, une culture unique, et aussi tous les défis d’une « double insularité ». Que ses habitants comptent bien relever.

    «L’île des Pins est riche en histoire : histoire pénale, histoire administrative, histoire religieuse aussi », pose Hilarion Vendegou, grand chef et maire de Kunié. Si son organisation traditionnelle est relativement préservée, l’île des Pins a pourtant été aux premières loges pour les contacts avec les Européens. Baptisée par le capitaine Cook, qui n’y posera pourtant pas pied, elle est ensuite le premier point d’entrée des missionnaires protestants, avant que les frères maristes ne s’y implantent avec davantage de succès, la foi catholique restant aujourd’hui un pilier de la vie locale. L’île fut aussi comptoir santalier, avant d’accueillir un centre pénitencier : les communards marqueront durablement le paysage de l’ouest de l’île, dont ils ont construit certaines infrastructures. Les Kunié sont nombreux à les considérer aujourd’hui comme des « révoltés de la liberté ».


    Boom touristique

    Bien sûr, l’histoire de l’île s’étend sur des millénaires avant l’arrivée des Européens. Des poteries de la période lapita ont été retrouvées sur la côte, vers Vao. Elles remontent à 1 500 ans avant Jésus-Christ. Quant aux centaines de tumulus de 2 ou 3 mètres de haut, les scientifiques développent plusieurs hypothèses, et on ignore s’ils sont d’origine humaine ou s’ils auraient pu être construits par des oiseaux marcheurs.

    Dès les années 1950, Kunié voit apparaître ses premiers hôtels et devient peu à peu le fleuron du tourisme calédonien. Eaux cristallines, plages de sable fin, baies marquées de formations rocheuses… l’île ne manque pas d’arguments. Aujourd’hui, le secteur y est organisé de façon à accueillir un flot constant de touristes, qu’ils fréquentent les hôtels de luxe ou les campings rustiques les pieds dans l’eau. Ils étaient 66 000 en 2016, dont deux tiers de touristes internationaux. Leur séjour, trois à quatre jours en moyenne, représente une vraie manne, à l’origine de plusieurs centaines d’emplois salariés, où les femmes sont majoritaires. S’y ajoutent près de 100 fois par an les passagers de paquebots de croisière. En 2017, 226 000 passagers ont posé pied sur l’île pour la journée. Excursions, snacks et artisanat : leur consommation bénéficie davantage aux travailleurs indépendants.

    Outil économique qui permet à beaucoup de Kunié de rester ancrés sur leur île, l’afflux de touristes pose aussi de manière criante la question de la préservation de l’environnement. La baie d’Oro et sa piscine naturelle, la baie de Kanuméra et l’îlot Nokanhui sont les points les plus menacés. La pénurie d’eau - Kuto, où se concentrent de nombreux hébergements touristiques, rencontre souvent des problèmes d’approvisionnement - et les feux de forêt sont aussi des problèmes récurrents, qui affectent autant le quotidien des 2 000 habitants de l’île que le séjour des touristes.

    Malgré les bouleversements liés aux missionnaires, au bagne, puis à l’industrie touristique, la société Kunié reste très fidèle à la coutume. La langue, le nââ Kwényï, est aujourd’hui formalisée, enseignée au collège et mise en avant lors des événements coutumiers. Comme ailleurs, la religion s’est entrelacée avec les pratiques traditionnelles. Par exemple, la fête de l’igname, centrale dans le calendrier kanak, est célébrée le 19 mars, à l’occasion de la Saint-Joseph.


    Patrimoine bâti ou linguistique

    Les 152 km2 de l’île sont divisés en huit tribus : Gadji (tribu du grand chef), Wapan, Touété, Ouatchia, Kere, Youati, Comagna et Vao (du Nord au Sud). Fameux pour son église qui se dresse au pied des pins colonaires, le village de Vao concentre la plupart des services publics de l’île, et ses trois établissements scolaires, tous catholiques. L’association pour la préservation du patrimoine religieux de Kwenyi rassemble les habitants concernés par la préservation d’un bâti ancien, qui symbolise pour eux l’arrivée de l’Evangile et de l’éducation.

    Entre la torpeur d’une petite île comptant seulement 2 000 habitants et les problématiques d’une économie mondialisée, Kunié trace doucement son chemin. Dans les pages suivantes, nous avons rencontré les habitants qui, chacun dans leur domaine, relèvent le défi.


    IIe siècle avant JC : premier peuplement austronésien.

    XVIIIe siècle : arrivée de nouvelles familles venues de Lifou, dont le clan Vendegou.

    1774 : le capitaine Cook donne à l’île son nom occidental.

    Début XIXe : contact avec des baleiniers. L’île devient aussi comptoir où se vendent santal, bêches-de-mer, coprah…

    1840 : arrivée des premiers « teachers » protestants, des Samoans. Leur mission est un échec.

    1848 : Le grand chef de l’époque accepte la venue de missionnaires catholiques. Le père Goujon restera à Kunié plus de 30 ans.

    29 septembre 1853 : Devançant les Britanniques, la France prend possession de l’île des Pins, un acte distinct de celui signé cinq jours plus tôt à Ballade.

    1872 : Création d’une colonie pénitentiaire où seront déportés les insurgés de la Commune de Paris, bientôt rejoints par des révoltés kabyles. Les Kunié refusent de quitter l’île, mais se retrouvent relégués sur la partie est.

    1880 à 1913 : Les « transportés » et les « relégués », prisonniers de droit commun, succèdent aux déportés.

    1913 : La fermeture des administrations pénitentiaires place l’île dans un isolement relatif jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

    1942 : L’île devient un poste de surveillance des armées américaine et française.

    1955 : Mise en place d’une ligne aérienne avec Nouméa. Le premier hôtel, le Gîte de l’Espérance, ouvrira un an plus tard.

    1974 : La mort du grand chef Barthélemy Vendegou débouche sur un conflit de succession qui durera cinq ans.

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS
    Contenus Locaux Sponsorisés










rigthbanner

rigthbanner