Édouard Philippe a pris le temps nécessaire, au téléphone, pour récolter remarques et avis, depuis Paris. Le Premier ministre s’est entretenu, tour à tour, lundi soir, heure de Nouméa, avec chaque responsable de mouvement politique et président d’institution. Un signe supplémentaire d’ailleurs que Matignon ne souhaite pas froisser les susceptibilités, dans le dossier calédonien. Trois points étaient proposés aux interlocuteurs : la crise Covid-19 sur le territoire, la date du second tour des élections municipales, mais aussi la programmation du deuxième référendum d'autodétermination le 6 septembre prochain. Scrutin dont des partis demandent le report.

Pour Daniel Goa - et le président de l’Union calédonienne s’en est ouvert auprès de l’ancien maire du Havre, le calendrier de la consultation débattu au Comité des signataires d’octobre 2019 ne peut plus être tenu. « Le virus est passé par là, et les municipales interviendront en juin au lieu de mars » souligne le dirigeant indépendantiste. Etendue sur plus de quatre mois en 2018 en vue du premier référendum, la phase de campagne serait réduite de moitié cette année.

Or « il faut se donner le temps d’aller sur le terrain, et d’expliquer aux gens après les municipales ». D’autant qu’une confusion préjudiciable peut apparaître, selon Daniel Goa : « les gens ne vont pas comprendre, vont s’interroger » devant le fait que les partisans pro-Kanaky partent séparés au second tour des élections municipales mais unis au référendum. « La campagne doit se dérouler comme prévu ».

Autre argument évoqué, l’arrivée des quelque 250 magistrats et cadres préfectoraux métropolitains pour surveiller les opérations de vote dans chaque bureau, sous l’autorité d’un conseiller d’Etat, risque de soulever une difficulté logistique avec l’obligation de quarantaine. Idem pour les observateurs de l’ONU qu’il faut réussir à faire venir en Nouvelle-Calédonie. Conclusion, Daniel Goa a « demandé de reporter le référendum à la fin octobre ou en novembre ».

Participation

Les collègues indépendantistes du Palika ont débattu de la question au cours d’un bureau politique élargi tenu samedi à la tribu de Bouirou, à Bourail. D’après l’élu Charles Washetine, des éléments exposés ce week-end soutiennent également l’option d’un report de la consultation. « Il faut du temps pour la campagne, pour les supports, pour les explications ».

Lors de la conversation téléphonique avec le locataire de Matignon, Calédonie ensemble, par la voix de Philippe Gomès, a évoqué un référendum programmé, non pas le 6 septembre, mais plutôt fin octobre. Un des motifs évoqués : si les deux scrutins, municipal et référendaire, sont trop proches, le taux de participation à la deuxième consultation sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie risque de chuter. Alors que le ratio a atteint 81,01 % au premier rendez-vous en 2018.

Le mouvement Avenir en confiance s’est prononcé, lui, lundi en faveur du maintien de la date initiale. Parce que « plus on attend, plus c’est chaotique », explique Virginie Ruffenach, présidente du groupe au Congrès.

Le Premier ministre a écouté les arguments des uns et des autres, et a indiqué, selon un élu calédonien, « qu’il allait rechercher le consensus ».