Les mauvaises conditions de mer rencontrées à l’aller n’ont pas entamé l’humeur joviale de Sen Murat. Son thé chaud au citron fume sur la table de la salle de télévision. « C’est la première fois d’ailleurs que je viens en Nouvelle-Calédonie ! » sourit le commandant turc du minéralier Kiran Caribbean. Depuis lundi matin et le sacre des Bleus en finale de la Coupe du monde, la valse des chalands autour du bateau à coque rouge n’est interrompue que par la nuit, en baie de Téoudié, à Kaala-Gomen. Le tout premier chargement dans le cadre du partenariat entre la SMSP et la société chinoise Yangzhou Yichuan Nickel Industry, a commencé. L’accord a été signé le 22 mars à Nouméa, pour l’exploitation d’une usine pyrométallurgique dans laquelle l’entreprise calédonienne détient désormais une participation majoritaire, à hauteur de 51 %. Avant un saut à 600 000 tonnes par an à partir de 2019, et pendant vingt-cinq années, l’ambition est de fournir entre 350 000 et 440 000 tonnes de minerai en 2018. Le Kiran Caribbean ouvre le bal, avec une capacité de 62 000 tonnes. A la manœuvre, la société Cotransmine en mer pour le chargement, et le GDPL Thipo à terre, au bénéfice de la Nickel Mining Company (NMC), filiale de la SMSP. « Ce premier bateau est important » s’étonnent les employés, « car il doit répondre à la satisfaction du client » en Chine.

Valorisation

Si le minerai d’une teneur en nickel au-dessus de 2,10 % est traité sur le site de KNS à Vavouto, la matière entre 1,80 et 2,10 % est dirigée vers le complexe SNNC à Gwangyang en Corée du Sud élaboré avec Posco. Le projet chinois s’intéresse lui à la garniérite basse teneur, à 1,70 %. « Nous allons vendre du minerai qui nous a coûté de l’argent à l’extraction, et que, du coup, nous valorisons » explique Catherine Naporea, responsable « laboratoire et expédition » à la NMC. « Nous avons un stock ». Plus de 110 000 tonnes semble-t-il. Les camions, chargés de cette terre de la mine de Ouazangou, ne chôment pas dans la longue ligne droite menant au site de Téoudié. Le minerai est ensuite déversé dans les chalands. Jusqu’à trente-six barges par jour, calcule Jean-Noël Teity, le capitaine du remorqueur Deverd. Un rythme soutenu de chargement doit être tenu afin de clôturer l’opération en huit jours. « C’est une activité en plus de la Corée pour Thipo, avec la même logistique », observe Gérard Dabewianou, son responsable « intermittents », qui voit globalement « des retombées économiques pour 150 familles ». Le Kiran Caribbean, de la terre calédonienne plein les entrailles, mettra ensuite le cap vers la Chine. Le programme des rotations prévoit un bateau par mois.