Le tribunal correctionnel de Nouméa avait à traiter une affaire un peu spéciale mardi dernier. La jeune femme qui comparaissait à la barre le faisait en qualité de prévenue, mais aussi en qualité de victime. Il en était de même pour un jeune homme qui n’a pas répondu à sa convocation et n’était donc pas présent.

Le 15 décembre dernier, la gendarmerie reçoit un appel d’une femme vivant sur la commune de Moindou qui affirme avoir été battue à coups de pied et de poing par son compagnon. Lorsque les gendarmes vont interpeller l’homme violent, ils se rendent compte que celui-ci est blessé au bras. En effet, quelques jours plus tôt, au cours d’une autre dispute, sa compagne lui a donné un coup de couteau qui a traversé son avant-bras de part en part. Au moment des faits, il n’avait pas souhaité dénoncer la jeune femme, même si elle a affirmé avoir à cet instant « la ferme intention de le piquer et de le tuer ».

Les auditions réalisées par les gendarmes vont révéler un « couple particulièrement pathologique » comme le décrit Thibaud Soubeyran, président du tribunal. Le ménage est coincé dans une spirale de violence depuis que la prévenue a entamé une formation professionnelle qui la pousse à s’absenter souvent du domicile conjugal et fait croire à son concubin qu’elle y fréquente d’autres hommes.

« Une relation compliquée »

Il lui fait subir « les pires scènes d’horreur » (agressions sexuelles, violences physiques et verbales) par jalousie, et elle n’hésite pas à le poignarder ou le frapper lorsqu’il lui « parle mal ».

Autre difficulté que le couple a encore à surmonter, le rejet de la part de leurs familles qui ne cautionnent pas leur relation en raison de leurs liens de sang jugés trop étroits. En effet, les deux prévenus sont cousins. Une situation très difficile à vivre, notamment pour la jeune femme, qui a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Malgré ses tentatives de suicide, elle n’a jamais été suivie par un spécialiste.

Le tribunal est face à « une relation compliquée » marquée par « des violences réciproques » selon Philippe Pommereul, procureur de la République. Afin d’éviter de continuer à alimenter le climat de tension entre eux, et pour les empêcher de se faire du mal, il requiert pour madame la peine d’un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve, assorti d’une obligation de soin, de l’interdiction de porter une arme et d’entrer en contact avec son conjoint. Pour ce dernier, il est plus sévère et requiert dix-huit mois de prison dont six avec sursis, assortis d’une interdiction de voir sa victime.

Le tribunal, après en avoir délibéré, avoue qu’ « il est impératif de faire en sorte que ces deux-là ne se croisent plus ». Il les condamne tous les deux à un an d’emprisonnement avec sursis avec une mise à l’épreuve de deux ans.

Ils ont, par ailleurs l’obligation de suivre des soins, de trouver un emploi et ont interdiction totale de se rencontrer. Enfin, la jeune femme n’est plus en droit de porter une arme pour une durée de cinq ans.