La justice a parfois bien du mal à se faire comprendre. Surtout quand la personne à la barre ne daigne pas l’écouter. Avec plus d’une dizaine de condamnations pour des délits routiers - conduite sans permis, sans assurance, en état alcoolique et même, en 2006, un homicide involontaire qui lui avait valu cinq ans de prison -, un père de famille de 39 ans a récidivé samedi. Et cela a mis hors d’elle la présidente du tribunal correctionnel, mardi. « Vous ne comprenez rien à rien ! Vous avez tué des gens en voiture, vous avez blessé des personnes et quelques années plus tard, vous faites la même chose. Vous avez failli le tuer ».

Lui, c’est un policier qui ne doit la vie sauve qu’à un réflexe pour ne pas être percuté par cet automobiliste trentenaire. Celui-ci avait pris sa voiture à Rivière-Salée, non sans avoir bu des bières et du pastis, direction Ko We Kara où un banal contrôle de police l’attendait. Les gardiens de la paix lui font alors signe de se mettre sur le bas-côté. Au niveau du barrage, l’automobiliste accélère, manque de peu de faucher un fonctionnaire de police qui saute sur le bas-côté, et s’enfuit à toute allure avec sa femme comme passagère. Il conduit avec plus de 1,5 gramme d’alcool dans le sang…

« Un danger public »

« Elle m’a dit de m’arrêter, qu’il ne fallait pas continuer », affirme avec aplomb le prévenu au tribunal. La magistrate rectifie, « vous aviez les pneus crevés en passant sur la herse, vous avez bien été obligé de vous arrêter ».

Évelyne Camerlynck continue : « Monsieur, votre tête est passée à quarante centimètres du canon du pistolet automatique du policier. S’il avait tiré, il ne resterait plus grand-chose de vous ». Le passé de ce mécanicien, qui a « failli tuer le policier », d’après la présidente, ne plaide évidemment pas en sa faveur. Mais lui l’assure, l’alcool, il a tiré un trait dessus. Il a seulement rechuté depuis quelques semaines et la mort de son père.

« Ce n’est peut-être pas un exemple pour ses enfants mais c’est le seul à assurer la subsistance de sa famille », défend Me Aurélie Krust-Marty. L’homme est décrit comme « un danger public » par la procureure de la République Céline Fortesa qui en tire une conclusion simple : « tous les avertissements de la justice prouvent bien que ça n’a servi à rien ».

Le tribunal prend une décision forte et envoie le mécanicien au Camp-Est pour une année. Il écope en plus d’un an de prison avec sursis mise à l’épreuve. Son permis est annulé. Interdiction de le passer pendant un an.

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