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    Nouvelle Calédonie
  • Gilles Caprais | Crée le 21.10.2020 à 04h27 | Mis à jour le 21.10.2020 à 04h27
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    Le sabre d’abattis retrouvé ensanglanté à la tribu de Mia, le 5 août 2018. Deux ans plus tôt, l’accusé avait agressé son père, premier accès de violence « surprenant » d’une vie « calme », très solitaire, dit sa famille.Photo G.C.
    JUSTICE. L’homme de 26 ans accusé du meurtre de son grand frère a reconnu les faits, hier, devant la cour d’assises. Est-il schizophrène ? Doit-il rejoindre le Camp-Est ou le CHS*? Verdict aujourd’hui.

    Le coup de sabre, « oui », il l’admet. Des regrets, « non », il n’en éprouve aucun. Le jeune homme au visage enfantin n’en dira pas beaucoup plus. D’une voix faible, il peine à énoncer sa date de naissance. Il lève rarement la tête, l’air absent. Il replonge les yeux dans un bout de papier sans importance. L’insistance du président de la cour d’assises, Eric Fournié, n’a fait surgir hier aucune parole susceptible de dissiper le mystère qui entoure le coup de sabre fatal du 5 août 2018, nuit de fête de mariage à la tribu de Mia, à Canala.

    L’homme, alors âgé de 24 ans, est sévèrement expulsé des festivités. Il aurait tenté de voler quelques pièces, il a surtout beaucoup trop bu. Il rejoint la maison de son grand frère, qui le découvre « la bouche en sang ». Il veut revenir à la fête. Le frère tente de le dissuader et devient la cible de la colère. Il esquive de justesse un coup de sabre, se saisit d’un fusil, tire en l’air pour effrayer l’assaillant qui s’enfuit dans sa « cabane ». Le jeune homme ne se calme pas. Pour le raisonner, on en appelle à l’autre frère. L’aîné s’élance. Il reviendra quelques instants plus tard, « titubant », une blessure mortelle au cou.

    Lorsqu’il est remis aux gendarmes par sa famille, le lendemain, le benjamin porte les marques d’un astiquage extrêmement grave, administré par « des cousins ». Son état est jugé compatible avec un interrogatoire. Un jour plus tard, au Médipôle, le pronostic vital sera dit « engagé » : pneumothorax, éclatement de la rate, foie endommagé…


    « À l’asile »

    Aux enquêteurs, l’accusé avait assuré avoir réagi à des insultes proférées par l’aîné. « Qui d’autre les a entendues ? Personne. » Le docteur Charlot raconte « la difficulté d’établir un contact » malgré trois examens, « l’absence d’élan vital », les bruits et les personnes entendues et vues par l’accusé dans une pièce vide.

    L’expert psychiatre doit se prononcer sur la question centrale, qui peut être dite de trois façons. Le discernement de l’accusé est-il altéré ou aboli ? Est-il pénalement responsable ou irresponsable ? Camp-Est, pour 30 ans maximum, ou CHS* ? Le docteur Charlot est formel, il parle de schizophrénie, de déficience profonde. « Il est dans son monde, aujourd’hui. Il n’est pas dans le nôtre ».

    Le docteur Lehericy expose un autre point de vue, avec le tact tout relatif qui fait sa signature. « Il n’est pas fou mais il est débile. C’est un débile léger, mais c’est un débile, il est au ras des pâquerettes », dit-il de l’accusé, à qui il ne voit « pas d’adaptabilité en dehors d’une vie tribale, tout ce qu’il y a de plus simple, de plus archaïque. »

    Me Brunard, avocate de la défense, s’interpose. « Votre confrère a eu besoin de voir l’accusé trois fois, d’appeler sa famille, le dispensaire… Pas vous ? » Jean-Luc Lehericy revendique une plus grande rapidité d’analyse, il invoque son expérience auprès de foules de patients en Afrique, en Inde. La place de l’accusé ? « À l’asile. Mais les asiles n’existent plus. À défaut, à l’hôpital mais si je le prends, d’autres patients n’auront pas de place », déplore le chef du service psychiatrie du CHS.

    « Il n’y a pas de pathologie, il n’y a rien à soigner », confirme sa consœur, Muriel Fischman-Mathis, qui souligne qu’aucun problème de comportement n’a été relevé en deux ans de prison préventive. Christian Pasta, l’avocat général, est loin d’être convaincu et ne cache pas son agacement. « S’il part pour 20 ans, il comprendra pourquoi ? » Ce matin, la deuxième journée du procès commencera par son réquisitoire, qui promet d’être sévère envers les conclusions de deux experts.

    *Centre hospitalier spécialisé (CHS)

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