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    Nouvelle Calédonie
  • Jean-Alexis Gallien-Lamarche | Crée le 12.08.2020 à 04h43 | Mis à jour le 12.08.2020 à 04h43
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    La grande case avait été conçue avec huit poteaux, représentant les huit aires coutumières. Photo Thierry Perron
    Justice. Parce qu’il avait trop bu, qu’il était énervé contre sa compagne et qu’il avait des griefs contre les sénateurs coutumiers, un homme a incendié la grande case de Nouville. Il a été sanctionné par le tribunal correctionnel.

    Sa chefferie, son clan et sa famille iront bientôt au-devant des sénateurs des huit aires du pays pour un pardon. Avant d’entamer les démarches coutumières, c’est devant le tribunal correctionnel de Nouméa que le jeune homme à l’origine de l’incendie de la grande case du Sénat coutumier, à Nouville, samedi soir, a « demandé pardon pour le geste ». Provoquant la vive émotion des acteurs politiques, du Caillou et de Paris, l’acte a « fait mal » dans une période où l’« on construit le pays de demain » a reconnu Hippolyte Sinewami-Htamumu avant que le président de l’institution demande « des explications » au prévenu et de « l’indulgence » à la juridiction.


    « Terreau idéologique »

    Qu’est-ce qui a donc pu pousser ce garçon de 29 ans, originaire de Paimboa (Ouégoa), à allumer avec son briquet des écorces de niaouli et à les jeter sur la paille de la case, entraînant sa destruction complète, et ce malgré l’intervention des pompiers ? Le prévenu, a-t-il expliqué, avait bu toute la journée (bières, rhum et vodka) avec des neveux et nièces au squat de Nouville avant que, dans la soirée, il ne se dispute avec sa compagne qui lui reprochait de continuer à s’alcooliser et de ne pas rentrer à la maison. Ensuite, a-t-il encore affirmé, parce qu’il était en colère contre les sénateurs qui n’auraient pas pris en compte les réclamations des habitants du squat quant au raccordement en eau, à l’alimentation en électricité et au ramassage des ordures. « Est-ce que le Sénat pouvait vraiment vous aider ? », demande la présidente Lise Prenel. « Oui ». « Est-ce que vous leur avez demandé de l’aide ? ». « Non mais ils sont juste à côté ». « Attendez, continue la magistrate, vous comprenez qu’il nous est difficile de comprendre comment vous pouvez en vouloir au Sénat si vous ne lui avez rien demandé… »

    Avant de requérir trois ans de prison, dont une année avec sursis, et un mandat de dépôt, le procureur de la République Richard Dutot a regretté « l’augmentation des atteintes contre les autorités, et pas que politiques, depuis trois mois : magistrat agressé, policiers noyés ou visés par une voiture volée et maintenant la grande case incendiée. Nous ne l’observions pas par le passé », puis a déclaré que « ces attentats dirigés contre l’ordre ne sont l’œuvre que d’excités du cerveau, il n’y a pas de terreau idéologique ».


    Des TIG pour réparer

    Inconnu de la justice, le jeune homme au chômage depuis le mois dernier, après avoir enchaîné les petits contrats d’élagueur et de plaquiste, « n’était pas là pour la symbolique. Cela aurait pu être un autre bâtiment que la case. Ce n’est pas un dossier politique, ni à politiser. Il souhaite aujourd’hui qu’une chose, réparer la case », a souligné son avocate, Me Élodie Barket.

    Il n’aura suffi que d’un quart d’heure aux magistrats pour s’accorder sur une peine. Ce sera dix-huit mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire qui lui obligera de suivre des soins et de travailler ou de suivre une formation pendant trois ans. Outre l’indemnisation de la partie civile, le jeune homme devra également effectuer 200 heures de travail d’intérêt général qu’il pourrait mettre à profit pour la rénovation de la grande case si le juge d’application des peines l’accepte.

    jeanalexis.gallien@lnc.nc


    Dans la salle des pas perdus, Hippolyte Sinewami-Htamumu a affirmé que la peine « permet au coupable de se remettre en question. C’est une bonne chose qu’il ne soit pas incarcéré. Il pourra donner réparation au Sénat ou pour une collectivité, c’est le plus important ». Après avoir insisté sur « la symbolique touchée » et appelant « au calme », le président du Sénat et grand chef de La Roche a indiqué que « le sénateur de l’aire Hoot Ma Whaap nous a indiqué que la chefferie, le clan et la famille [de l’incendiaire, NDLR] ont décidé de descendre pour demander pardon. J’appelle aussi à ce que la grande case soit reconstruite au plus vite ». Devant le tribunal, Hippolyte Sinewami-Htamumu avait expliqué que la case « avait été construite grâce aux sculpteurs des huit aires coutumières » avant de confier : « je ne suis pas là pour rabaisser le petit frère qui a commis l’acte ».

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