« C’est absolument consternant. Ce sont deux jeunes qui, en trois jours, ont fait des dégâts absolument considérables », s’est désespéré Dominique Luiggi, procureur de la République, mercredi, à l’audience correctionnelle du tribunal de Koné.

L’affaire concerne deux prévenus de 19 et 20 ans poursuivis pour cinq séries de vols, des dégradations et des violences contre deux gendarmes. Deux jeunes, qui, de fin septembre à mi-décembre 2019, ont fait cela « comme ça, sans raison, pour l’adrénaline », à Poum et à Malabou, déplore le procureur. Les prévenus sont absents à l’audience. L’un d’eux est sorti le 31 juillet du Camp-Est. Et ni les gendarmes lors des auditions, ni le président du tribunal, ni le procureur ne trouvent du sens à leurs actes. « Nous voulons chercher des explications rationnelles à des comportements qui ne le sont pas », tranche Dominique Luiggi.

Dans son rappel des faits, le président du tribunal classe les méfaits suivant leur gravité.

Bulldozer dans un arbre

Soit des jets de pierres qui ont frôlé la tête de deux gendarmes « parce qu’ils n’aiment pas la gendarmerie », assortis de bras et de doigts d’honneur. Ce sont ensuite des vols, au collège de Poum. En l’occurrence, 10 000 francs prévus pour une coutume, dans le bureau du directeur, ainsi que des tablettes utilisées par les élèves et un sabre d'abattis. Au passage, de la casse matériel est également commise.

Puis ce sont des intrusions sur des propriétés privées. Sur l’une d’elle, c’est un bidon d’essence et une tronçonneuse qui disparaisse, ainsi que du linge. Là aussi, avec de la casse, de panneaux solaires, notamment.

Sur une autre, les prévenus, dont l’un a reconnu qu’ils étaient « parfois » accompagnés d’un troisième individu, ont tenté de « faire les fils » d’un tracteur pour le démarrer, en vain. Ils finissent par prendre le contrôle d’un bulldozer, qui finit sa course contre un arbre. Vient ensuite le vol d’un premier bateau, abandonné après usage dans la mangrove. Puis le vol de deux autres embarcations « pour se rendre sur un îlot ».

Présente à la barre, la femme d’une des victimes fait remarquer que, dans son cas « c’est la deuxième fois et que ce sont toujours les mêmes personnes ».

Après avoir délibéré, le tribunal déclare coupable les deux primo-délinquants à quinze mois de prisons avec sursis. Ils écopent deux fois 30 000 francs d’amende pour les violences sur les gendarmes. Ils sont également condamnés à verser 360 000 francs de préjudice matériel, 5 000 francs d’amende, ainsi que 100 000 francs de préjudice moral à la victime représentée à l’audience.

Gédéon Richard