Elle n’a aujourd’hui plus goût à ses passe-temps préférés, câliner son chat, jardiner et écouter les coups de gueule à la radio. Josiane* est « un petit bout de femme », comme la décrit son avocate, Me Céline Joannopoulos, dont la vie est bouleversée. Mais qu’importe qu’aujourd’hui « elle vive dans la crainte », qu’« elle ferme sa maison alors qu’elle l’a toujours laissée ouverte » et qu’elle n’y voie presque plus d’un œil, raconte une de ses filles, Josiane est « prête à pardonner à condition que la jeune fille retrouve le droit chemin ».

Celle vers qui cette ancienne commerçante de 87 ans est décidée à faire un pas est une jeune femme de 19 ans. C’est la première fois qu’elle se tient à la barre d’un tribunal. « Les faits méritent une sanction ferme car ce sont des violences intolérables », prévient le procureur de la République, Hervé Ansquer.

Elle est « honteuse »

Le 26 août, Josiane est tranquillement assise dans son salon, la radio allumée, quand deux mains se posent sur ses yeux. Elle pense d’abord à une blague d’un proche. C’est en fait la jeune femme qui lui demande où sont ses clés de voiture. Des menaces suivent, puis des violences. L’intruse plaque au sol la mamie, lui colle un genou dans le dos et l’étrangle de toutes ses forces. Avant que la victime perde totalement conscience, elle a le temps de lui indiquer dans quel tiroir se trouve le trousseau de clés.

L’agresseur relève l’octogénaire, la force à s’asseoir sur une chaise et commence à la ligoter avec le fil du téléphone fixe. N’y arrivant pas, elle prend la fuite, non sans oublier d’enfermer la victime dans son salon. La voiture sera retrouvée quelques kilomètres plus loin, accidentée. « Vous saviez que c’est une personne faible », souligne le ministère public, rappelant que la jeune femme a « préparé et réfléchi » son action en se cachant sous l’escalier de la maison et sous le lit d’une chambre et qu’elle « connaissait ses habitudes » pour avoir été employée comme femme de ménage, par le passé, par la victime. « Elle n’est pas au plan criminologique dangereuse même si elle est susceptible de récidiver », poursuit Hervé Ansquer.

Demandant « pardon » à la « mamie » et à sa « famille » - la victime ne s’est pas déplacée à l’audience - la jeune femme « est honteuse de ce qu’elle a fait », assure son avocate, Me Anne-Laure Dumons. Après une vingtaine de minutes de délibéré, au cours duquel un incident éclatera (lire par ailleurs), le tribunal condamne la jeune femme à trois ans de prison, dont deux années avec sursis probatoire. La prévenue a rejoint le quartier des femmes du Camp-Est. À sa sortie de prison, elle aura l’interdiction de se rendre en province Nord pendant trois ans.

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