Le cannabis, un business comme un autre ? Les trafiquants de drogue ont en tout cas trouvé un nouveau moyen pour faire fructifier leur activité : les réseaux sociaux. D’après nos informations, la brigade de recherches (BR) de la compagnie de gendarmerie de Nouméa a récemment mis au jour un important réseau de vente d’herbe de cannabis d’un genre particulier.

Comme en Métropole, où les dealers ont envahi les réseaux Snapchat ou WhatsApp, utilisant les codes du marketing et fixant la clientèle avec des offres promotionnelles et des cartes de fidélité, des trafiquants calédoniens ont investi Facebook pour écouler leur marchandise. Le réseau social de Mark Zuckerberg, où les selfies côtoient les photos de vacances, était devenu le terrain de jeu d’un trafic qui n’avait rien de virtuel.

Un groupe confidentiel

C’est en ce début d’année que les enquêteurs de la brigade de recherches infiltrent discrètement ce réseau.

Derrière la page « T’es en mode stoone », qui n’était accessible qu’après l’accord de son administrateur et qui est aujourd’hui fermée, se trouvait une véritable plateforme de vente de drogue locale qui ne connaissait pas la crise.

Le fonctionnement du groupe n’avait rien de bien compliqué : les trafiquants publiaient des annonces avec des photos de pochons d’herbe pour appâter les potentiels acheteurs.

« Les annonces étaient quasi quotidiennes et en nombre conséquent », dévoile une source proche de l’enquête.

Les clients intéressés n’avaient alors plus qu’à contacter les vendeurs par messageris privée.

Après quelques questions d’ordre pratique, la commande était validée. Il ne restait alors plus qu’à effectuer la transaction au pied d’un immeuble, sur un parking ou directement chez le client.

administrateur trafiquant

Après plus de six mois d’investigations, le top départ d’une opération judiciaire d’ampleur est donné. Plusieurs dizaines de gendarmes sont engagées, aboutissant à l’interpellation de l’administrateur de la page « T’es en mode stoone ». Localisé à Nouméa, le suspect n’a opposé aucune résistance à son arrestation. Au cours de ses auditions en garde à vue, le jeune homme n’a pas tardé à reconnaître qu’il administrait ce groupe depuis près de deux ans. Acculé par les éléments recueillis par les gendarmes pendant ces semaines d’investigations, l’intéressé a avoué qu’il participait au trafic en postant, lui aussi, des annonces. Des aveux corroborés par les résultats de la perquisition. À son domicile, du cannabis et de l’argent liquide ont été récupérés et saisis par les enquêteurs.

Après quarante-huit heures de garde à vue, le trafiquant a été déféré au parquet de Nouméa où il a été jugé dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). L’homme a accepté la peine d’une année de prison avec sursis probatoire, assortie d’une obligation de suivre des soins. L’argent a été définitivement confisqué par la justice. À sa fermeture, le groupe « T’es en mode stoone » comptait plus de 19 000 membres.

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