Hier matin, sur les baies de Nouméa, bon nombre de baigneurs et de promeneurs ont eu la surprise de tomber sur des barrières leur interdisant l’accès à la plage. De la côte-Blanche à Port-Bélandre, sur l’Anse-Vata, toutes les activités nautiques sont proscrites jusqu’à ce soir. En cause, une « opération maritime » inédite et qui ne manquera pas de faire réagir : la pêche au requin-tigre. La mairie et la province Sud ont décidé de lancer cette action afin de « lever le doute » sur la présence ou non d’un squale de grande taille dans la zone du récif Ricaudy.

Des témoignages abondent dans ce sens depuis la disparition suspecte du véliplanchiste Nicolas Baucher, le 10 juin, dans cette zone (lire par ailleurs). « Nous avons reçu plusieurs signalements de la part de plaisanciers et de kite surfeurs, d'un squale de grande taille avec un comportement agressif et déviant. Notamment celui d'un pêcheur qui a été chargé par un requin-tigre vers ce récif, explique Romain Paireau, le secrétaire général de la mairie de Nouméa. Il s'agit de diminuer le risque requin dans cette zone où les pratiques nautiques sont importantes. La ville et la province Sud ont estimé qu'il ne fallait pas attendre que se produise un deuxième accident. »

La tête d’un gros chien à l’intérieur

Deux requins-tigres ont ainsi été « prélevés », dont un spécimen de 3,80 mètres de long. Les squales ont ensuite été nécropsiés. Un examen qui a réservé une surprise de taille : « A l’intérieur du requin le plus grand, on a quand même une tête de gros chien avec un collier de la taille d’une ceinture humaine. C’est donc potentiellement un squale qui est venu sur le bord, annonce Sonia Backès, la présidente de la province Sud. A ma connaissance, aucune trace du véliplanchiste n’a été décelée. Mais nous n’avons pas encore les résultats définitifs des nécropsies. »

La mairie et la maison Bleue attendent d’ailleurs ces conclusions, qui devraient tomber aujourd’hui, afin de décider de la réouverture ou non des plages. Même si cette campagne d’abattage était une « mesure exceptionnelle » qui ne devrait pas être reconduite. « C’est différent des prélèvements de bouledogues qui visent à réguler une surpopulation. Là, il s’agit d’une démarche ciblée. Ce n’est pas une chasse aux requins-tigres, insiste Romain Paireau. On n’est pas du tout anti-requin. Les squales sont dans leur élément. Mais à un moment donné, quand il y a un risque pour la vie humaine, et qu’on est à la tête de collectivités, il faut prendre des décisions. » Décision qui devrait raviver le débat auprès des Calédoniens.