La nouvelle a d’abord fait craindre le pire. Samedi matin, alors que baigneurs et promeneurs profitaient d’un soleil de plomb, l’apparition de matières visqueuses à l’odeur désagréable sur la plage de Magenta, à Nouméa, a rapidement fait penser à une pollution aux hydrocarbures. Les autorités sont alors mises en alerte et les premières reconnaissances pédestres des pompiers et de la police municipale révèlent que le littoral est touché par ce phénomène de Magenta à la Côte-Blanche. La décision est prise : le drapeau rouge est hissé, synonyme d’interdiction de la baignade.

Pas de dégazage

En milieu de matinée, la Sécurité civile est appelée à la rescousse et le plan Orsec Polmar Terre est déclenché. Le capitaine Laurent Thomas survole en hélicoptère la zone. « C’était un phénomène très localisé. De La Coulée à Magenta, il n’y avait rien. Pareil de la Côte-Blanche au Kuendu Beach », raconte ce cadre qui a rapidement pensé qu’il ne s’agissait pas d’une pollution aux hydrocarbures. « Ce n’était pas l’odeur caractéristique de ce genre de polluant. Et puis, la reconnaissance aérienne nous a prouvé qu’il ne pouvait pas y avoir de lien entre quelque chose qui viendrait du large - par exemple, un dégazage - et ce qui était en train d’impacter nos côtes », poursuit le capitaine depuis son poste de commandement, installé pour l’occasion à Magenta plage.

Sur son tableau sont mentionnés cinq « sites » où cette matière visqueuse encore inconnue à ce stade s’est déversée : baie de Magenta, deux « plagettes » de Ouémo, l’îlot Song et la Côte-Blanche. Quelques heures plus tard, les équipes de la Sécurité civile sont dans les starting-blocks, prêtes à intervenir à la demande du capitaine Thomas. « On parlera de dépollution si le phénomène est accidentel. Si c’est un phénomène naturel, il s’agira de nettoyage. Les protocoles sont différents. Dans tous les cas, nous intervenons avec des équipements individuels qui permettent de se protéger », explique-t-il.

Les autorités sont alors dans l’attente. Loïc Le Déan, scientifique à l’Ifremer, a réalisé des prélèvements. Tout le monde est suspendu à ses conclusions. En début de soirée, la nouvelle tombe.

Il s’agit de cyanobactéries (famille des algues), des particules parmi les êtres vivants les plus anciens sur la planète et que l’on trouve dans les plantes, sur la surface des cours d’eau mais aussi dans le sable. En mer, ces cyanobactéries peuvent se multiplier massivement quand il fait beau et chaud et qu’il n’y a pas de vent. C’est ce que les scientifiques appellent le phénomène « bloom ». Leur forte concentration modifie alors l’aspect de l’eau.

Hier matin, les équipes de la Sécurité civile ont parcouru la zone, n’observant que « des traces résiduelles du phénomène ». Le plan Orsec est levé. Cependant, « l’absence de vent et les fortes chaleurs sont des facteurs favorables pour que ce phénomène puisse être de nouveau observé », prévient la Sécurité civile, formulant des recommandations : « respecter les interdictions de baignade, ne pas toucher les dépôts de cyanobactéries, ne pas marcher dans les zones souillées, se tenir informé de l’évolution du phénomène ». L’arrêté municipal est toujours en vigueur : il est interdit de se baigner ou de pratiquer des activités nautiques sur le trait de côte allant de la plage de Magenta jusqu’à l’îlot Song.

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