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    Nouvelle Calédonie
  • ENTRETIEN AVEC Gilbert David, directeur de recherche à l’IRD
    Propos recueillis par Esther Cunéo | Crée le 15.04.2019 à 04h27 | Mis à jour le 05.08.2020 à 04h39
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    De 1991 à 1996, Gilbert David était affecté à l\'IRD de Nouméa pour mener des recherches sur la politique de rééquilibrage. Crédit photo E. C.
    Les bénéfices écologiques de la création d'une aire marine protégée sont souvent synonymes de perte d’activité pour les pêcheurs. Pour le géographe de la mer et des îles, Gilbert David, la solution passe par des mesures compensatoires afin que le projet soit accepté par tous.

    Les Nouvelles calédoniennes :

    Le nombre de créations d’aires marines protégées (AMP) ne cesse de croître dans le monde, pourquoi cet élan ?

    Dans son plan stratégique 2011-2020, la Convention sur la diversité biologique (CDB) demande à chaque pays membre de l’ONU de classer en AMP au moins 10 % de ses zones marines et côtières. Certaines ONG environnementales considèrent que pour sauvegarder les écosystèmes marins, il convient d’aller jusqu’à 30 %, ce qui ne sera possible qu’en créant des AMP dans les eaux internationales.

    La création d’AMP peut-elle permettre aux pays de repousser leur frontière maritime ?

    Signée en 1982 et entrée en vigueur en 1994, la convention des Nations unies sur le droit de la mer octroie à chaque pays maritime une zone économique exclusive (ZEE) de 200 milles (370,4 km) à partir de la ligne de rivage. Mettre en AMP l’ensemble de la ZEE d’un territoire permet de répondre aisément aux critères de la CDB. C’est ce que la France a fait en créant en 2010 le parc naturel marin de Mayotte (68 800 km2 de superficie) puis en 2014 le parc naturel marin de la mer de Corail (1,3 million de km2). Reste que surveiller de telles superficies est très coûteux mais s’avère indispensable pour limiter le braconnage et les usages non autorisés. En haute mer, le problème est encore plus épineux car il n’existe aucune structure de gouvernance pour faire respecter la réglementation des AMP qui seraient amenées à y être créées.

    Qui sont les perdants et les gagnants ?

    Les principaux gagnants d’une AMP sont les opérateurs touristiques car des écosystèmes marins littoraux en bon état attirent les touristes. Les principaux perdants sont les pêcheurs, car il leur est souvent demandé de modifier leurs pratiques ou de changer de zone. Lorsque la proportion de perdants est importante, le risque est grand qu’une partie d’entre eux refuse de respecter les zonages en place, quitte à devenir des braconniers. Pour endiguer cette menace de braconnage, les gestionnaires devront mettre en œuvre une coûteuse surveillance maritime.

    Les problèmes de viabilité et d’acceptation sociale sont les deux clés de la gouvernance des AMP. Plus la population adhère à l’idée d’AMP, moins ça coûtera cher en surveillance. Mais plus les usages sont régulés, plus il y a d’interdiction, et moins la mesure est populaire auprès des riverains. La mise en place d’une AMP, c’est un subtil équilibre entre les impératifs écologiques et l’acceptation du projet d’AMP par la population. Si cette dernière se sent exclue du projet, l’AMP ne sera pas respectée, et donc peu efficace.

    L’acceptation sociale, c’est une nouvelle approche dans la gestion des AMP ?

    Oui et non. Non si on considère l’acceptation sociale uniquement sous un angle économique. Dans de nombreux pays, on essaie de « calmer » les perdants et opposants au projet d’AMP en leur octroyant des mesures compensatoires, généralement sous la forme de nouvelles activités génératrices de revenus. Des pêcheurs peuvent ainsi se retrouver apiculteurs. Oui, si on considère les facteurs culturels et sociaux qui déterminent cette acceptation sociale.

    A partir de quand une aire marine devient-elle ce que vous appelez un « parc papier » ?

    Une AMP c’est un zonage, des objectifs de gestion, un plan de gestion (une sorte de code de la route) et les moyens de le faire respecter. L’objectif principal de toute AMP doit être la protection ou la restauration des habitats marins. Cela implique une surveillance maritime qui sanctionne les contrevenants mais aussi d’assurer un suivi régulier de l’état de santé des écosystèmes protégés pour évaluer les progrès dans la protection. Ces deux tâches coûtent cher. Pour respecter les objectifs de la CDB, beaucoup d’Etats vont mettre en place des AMP mais sans avoir les ressources financières. On aura donc un parc marin sur le papier mais les écosystèmes marins continueront de se dégrader. C’est cela un « parc papier ». Utile pour le marketing écologique sur la scène internationale, inutile pour la protection de la biodiversité.

    Qu’est-ce que la Calédonie et son parc marin de 1,3 million de kilomètres carrés apportent à la France et quel rôle peut-elle jouer dans la région ?

    Le parc naturel de la mer de Corail, c’est la plus grande AMP européenne. A lui seul, il permet à la France de respecter les objectifs de la CDB et dans 50 ans, il pourrait permettre à la Nouvelle-Calédonie de s’afficher sur la scène internationale comme un des rares endroits de la planète où les récifs coralliens seront en bon état.

    esther.cuneo@lnc.nc

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