« Beurk » La cuillère à café suspendue en l'air, Solène, 5 ans, esquisse une moue dégoûtée. Bouche froncée, nez plissé. Dans son assiette, trois minuscules boules, parfaitement moulées. Trois noisettes de mousse de légumes. Elle a goûté la verte d'abord. A peine la valeur d'une moitié d'ongle, histoire de prendre le moins de risque possible. Et le verdict est sans appel. Pas bon. « C'est des épinards, c'est sûr ! » Raté... Dans l'assiette de Solène comme dans celle des 19 autres petits de l'école Marguerite-Lefrançois, il fallait retrouver le goût du brocoli. Vingt grimaces autour de la grande table du restaurant du lycée Escoffier. Toute la classe de grande section de maternelle a participé, hier matin, à un petit déjeuner sur mesure, moitié école du goût, moitié découverte des produits calédoniens (lire encadré). « Il s'agit d'exercer le goût des enfants, explique Eric Savignac, l'un des professeurs de la classe de terminale BEP aux commandes de l'opération. Nous leur avons préparé quatre petits tests. A eux de reconnaître ce qu'ils ont devant eux. » Pas de vert« Cette sortie vient conclure un travail de classe sur les cinq sens, complète la maîtresse, Anne-Brigitte Charbonnel. Contrairement à ce qui pourrait paraître évident, le goût n'est pas une notion facile à appréhender pour les enfants. Ils ont encore du mal à identifier le sucré du salé, à distinguer l'amertume de l'acidité. Cette sortie leur permet de tester grandeur nature et de mettre en pratique les principes de nutrition que nous avons également étudiés. »Entre deux mousses de légumes, sur fond de souvenirs communs d'aversion pour les épinards, les brocolis et le vert en général, la conversation s'engage entre les maternelles et les terminales. Parce que les grands ont commencé par être petits et qu'à 18 ans, l'enfance n'est pas très loin. « Je n'aimais pas ça, se rappelle Yves, droit comme un « i » dans sa chemise blanche impeccable. Ma mère mélangeait les légumes au yaourt que j'adorais pour arriver à m'en faire manger… »-Régalons-nous calédonien et soirée de galaLe petit déjeuner organisé, hier matin, au lycée Escoffier s'inscrit dans le cadre d'une opération organisée autour des spécialités locales : « Régalons-nous calédonien ». A côté des mousses de légumes et de fruits, les enfants ont pu goûter les jus de fruits ou les charcuteries d'ici. « Ce n'est pas tout, explique Eric Savignac, l'un des professeurs du lycée. Tous les menus de la semaine ont été composés autour des produits du Territoire. L'idée est partie d'une sortie à l'Institut agronomique calédonien. Un partenariat est né avec l'institut et l'idée d'une semaine calédonienne a pris corps. Il s'agit de faire la promotion de nos produits mais aussi d'emmener les élèves sur le terrain, de leur apprendre à reconnaître les produits de qualité. »Carpaccio de brahmane, jarret de porc caramélisé, tomates confites et terrine de squash ou aumônière aux fraises de Païta : les plats proposés ont décidément le goût de chez nous... Les chanceux qui ont réussi à réserver une table pour le dîner gastronomique de ce soir pourront apprécier...