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    Mer & lagon
  • Hervé Girard | Crée le 17.06.2010 à 13h47 | Mis à jour le 23.07.2016 à 19h59
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    Il a fallu la passion d'un membre de l'association Fortunes de mer et le miracle d'Internet pour retrouver d'importants documents donnant un éclairage nouveau sur la disparition du Tacite et sur les suites commerciales et financières du naufrage subies par les importateurs de Nouméa.


    Le président de l'association Fortunes de mer calédoniennes, Philippe Houdret, collectionneur d'objets historiques et féru d'histoire calédonienne, était tombé tout à fait par hasard, voici une dizaine de mois, sur le contact d'un brocanteur métropolitain qui avait récupéré des archives anciennes chez un négociant bordelais. « Je l'avais contacté pour lui demander s'il n'aurait pas des documents sur le Tacite », explique-t-il. « Huit mois après, en avril, il m'a rappelé pour m'annoncer qu'il avait trouvé une quinzaine de documents originaux comportant des lettres du commandant du navire, le capitaine Moyon, l'original du télégramme d'Australie annonçant que le Tacite avait coulé en Nouvelle-Calédonie et d'autres documents relatifs à la correspondance des négociants Curcier et Adet, de Bordeaux, avec les importateurs calédoniens  John Higginson associé à Morgan ». John Higginson écrit notamment : « Avons le regret de vous annoncer le naufrage du Tacite arrivé sur les récifs de Nouvelle-Calédonie et la perte totale de la cargaison. L'équipage a pu être sauvé. Nous vous prions de vouloir faire poursuivre le remboursement de l'assurance et d'en porter la valeur à notre crédit » (NDLR : la marchandise ayant été payée d'avance). Curieuse ironie de l'histoire quand on sait que John Higginson a eu aussi un navire à son nom (il faisait le tour de côte), baptisé ainsi par son associé Morgan, que ce bateau a aussi coulé sur la côte Est près de Kouakoué (Ouinné) neuf ans après le Tacite et qu'il a été retrouvé en 1987 par l'association Fortunes de mer.

    Une quinzaine de documents originaux comportant des lettres du commandant du navire, le capitaine Moyon.

    Une autre lettre émanant d'un autre importateur de Nouméa, les associés Adet-Pelletier et Clavel, formule dans les termes de l'époque le naufrage de la façon suivante : « Vous serez en conséquence à l'heure qu'il est, informé de la perte du Tacite sur un récif à l'entrée du port de Nouméa. Après avoir touché, il a sombré à 2 heures du matin et n'a guère que donné le temps à l'équipage de se sauver avec les embarcations. En conséquence, absolument rien n'a été retiré et nous nous sommes décidés à vous demander l'envoi d'une autre cargaison parfaitement égale, moins les spiritueux sur lesquels nous avons maintenant à payer des droits et que nous vous avions commandés que pour augmenter notre stock avant l'imposition de ces droits. » Voilà donc une information nouvelle montrant qu'une législation fiscale a été élaborée à cette période.
    Tous les documents étaient adressés à l'armement Curcier et Adet dont des sceaux officiels ont été trouvés par les plongeurs de Fortunes de mer sur l'épave riche en vestiges historiques car toute sa cargaison, destinée aux fêtes de fin d'année, est restée au fond.
    On trouve aussi un contrat d'affrètement de Curcier et Adet, ce dernier ayant une représentation en Calédonie, auprès de l'armement Grenet. Pêle-mêle, citons aussi une lettre du Secrétaire colonial de la Nouvelle-Calédonie (signature illisible) ou encore un document du greffe du tribunal du commerce de Nouméa demandant de payer les frais d'envoi du rapport de mer du capitaine du Tacite. Et c'est signé du greffier P. Caillard. Les associés Adet-Pelletier et Clavel demandent par ailleurs dans un autre document des avis œnologiques sur les vins importés. Les seuls à avoir pu en émettre sont les plongeurs de Fortunes de mer et le regretté Henri Chombeau, grand maître d'une confrérie de tastevins calédonienne. Ils ont goûté à une bouteille de champagne remontée à la surface 157 ans après le naufrage. « Il avait conservé des bulles, avait une couleur jaune paille et paraissait très sucré », observe Philippe Houdret. « Si l'eau de mer ne s'est pas infiltrée dans les bouteilles à travers le bouchon comme cela était le cas des bouteilles de vin, c'est probablement parce que la pression du champagne était supérieure à la pression subie par l'épave à 32 mètres de profondeur », conclut-il.

    Hervé Girard

    2 500 pièces au musée maritime

    Le Tacite a fait naufrage le 11 octobre 1873 dans la passe de Mato alors qu'il accomplissait son quatrième voyage autour du monde. L'épave a été retrouvée par Fortunes de mer d'abord dans le récit du journal Le Moniteur du 22 octobre 1873. Il a fallu à l'association huit campagnes pour retrouver son emplacement, en 1998, grâce à un écho du magnétomètre. Elle a organisé plusieurs campagnes de fouilles depuis, et a remonté de nombreux objets. Le problème pour les plongeurs est que les temps de plongée sont limités à moins d'une demi-heure à une trentaine de mètres de fond, qu'ils doivent faire des paliers de décompression et que l'épave se trouve dans une zone où se produisent de forts courants dans certaines conditions de vent.
    La partie de l'épave dégagée lors d'une campagne est de nouveau enfouie sous des sédiments lorsque débute la campagne suivante. Malgré ces contraintes, les plongeurs de Fortunes de mer ont réussi à remonter plus de 2 500 pièces archéologiques qui sont en conservation au laboratoire du musée de l'Histoire maritime de Nouméa et dont une partie est exposée. Le Tacite a fait l'objet d'une exposition spéciale avec des animations et a conduit à la réalisation d'un film intitulé Le Trésor du Tacite, trésor imaginaire, bien sûr.

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