Cambriolage, vol de voiture, délit de fuite. Le schéma est classique, quand il s'arrête là. Mais François Fekehei, 19 ans, a choisi de foncer dans le barrage de gendarmerie qui devait le stopper, à Dumbéa.François Fekehei ose tout, c'est à ça qu'on le reconnaît dans les travées du palais de justice. Car le jeune homme de 19 ans qui s'est présenté vendredi à la barre du tribunal de Nouméa était en terrain connu. Depuis ses quinze ans, il comparaît régulièrement. Au tribunal pour enfant, d'abord, où il a noirci des dizaines de pages de procédures, qui lui ont valu quatre passages au Camp-Est avant son dix-huitième anniversaire. Puis en correctionnelle, où les séjours à l'ombre ont continué.Et comme il ose tout, il ne lui a pas fallu longtemps pour se décider en voyant une fenêtre entrouverte, dans une ruelle de Rivière-Salée (Nouméa). Même s'il n'est sorti de prison que depuis un mois, il escalade le pan de mur, se glisse dans la demeure repart à bord du Kia Sorento dont il vient d'empocher les clés. Avant de proposer une balade à quelques amis.Quatre acceptent, dont une mineure, et l'accompagneront dans son périple. Nous sommes le vendredi 10 février 2006, et le week-end est prometteur. Il se passera à Canala, Thio, puis Dumbéa, où réside François Fekehei. Une petite tentative de cambriolage pour passer le temps (la propriétaire surprend le groupe en action) et le 4x4 se dirige vers la rivière. Les occupants ont changé, mais pas le conducteur.« C'était dans l'action »En ressortant de l'eau, il aperçoit au loin un barrage bleu foncé. Les gendarmes ont repéré le véhicule et attendent qu'il ressorte par la seule voie possible.« Et là, qu'est-ce que vous faites ? », demandait vendredi la présidente du tribunal à l'accusé principal, peu loquace. « Ben... J'essaie de m'enfuir. » « Vous forcez le barrage, oui ! Vous foncez dans une Kangoo, vous vous frayez un chemin mais il y a deux gendarmes qui s'avancent pour vous arrêter. Et là ? » Pas de réponse. « Là, vous accélérez. Un gendarme se retrouve sur le capot et pour vous en débarrasser, vous donnez un coup de volant. Alors ? » Trois secondes de silence. « C'était dans l'action, c'était vite fait tout ça. » Aussi vite fait que le réquisitoire du procureur, qui a dénoncé « une défense fallacieuse et imbécile, comme le personnage » pour demander quatre ans de prison ferme. Tout en rappelant que le prévenu avait été condamné pour une scène similaire quand il avait seize ans. Les juges iront au-delà avec six ans.Les cinq complices du condamné, dont certains sont sortis de la voiture en apercevant les militaires, ont écopé de condamnations allant de l'amende à huit mois ferme. Un seul était présent à la barre.