Bien que la reprise du trafic international n’ait toujours pas été autorisée à l’aéroport de La Tontouta (exception faite des rapatriements), le parvis de l’aéroport a temporairement repris vie samedi.

De 15 heures à 18 heures, les voitures se sont succédé au dépose minute. Leurs passagers, des personnels de l’aéroport touchés par la crise, sont discrètement descendus à la rencontre des membres du Kiwanis Tiaré Païta*. Rassemblés autour de sacs de provisions, les membres du club leur ont distribué de quoi améliorer un peu le quotidien. Timidement, avec ou sans masque, seuls ou accompagnés de leurs enfants, tous les corps de métiers, du bagagiste aux employés Aircalin, sont venus récupérer des paniers.

Passage obligé

« Beaucoup de gens de notre club travaillent à l’aéroport. Ils se sont émus du fait que leurs collègues se trouvaient dans une situation difficile », raconte Julien Le Ray, le président du Kiwanis Tiaré Païta. « Tout le monde est déjà passé à La Tontouta. Si la vie reprend en Calédonie, on ne sait pas quand ça sera le cas ici. Il nous a fallu un petit électrochoc pour le comprendre. » Les 65 sacs de légumes, produits alimentaires et d’hygiène, ont tous trouvé preneur. Ils provenaient notamment de dons des clients du supermarché situé face à l’aéroport, prouvant ainsi que la solidarité est toujours au rendez-vous. « On avait déjà trois voitures remplies avant d’arriver ce matin. Même des gens de l’aéroport nous ont donnés, alors que nous faisons ça pour eux. On leur a dit de prendre ce dont ils avaient besoin, mais beaucoup sont gênés. »

Familles en détresse

Paola Jullien, superviseure des opérations aéroportuaires à la CCI, travaille à l’aéroport de La Tontouta depuis 30 ans. C’est notamment elle qui a fait passer le mot auprès de ses collègues, qu’elle a accueillis, et rassurés, samedi. « On a vu la détresse s’installer au fil des semaines. On se connaît tous : La Tontouta, c’est une grande famille. On voit les couples se former, les enfants grandir, on partage les Noël ensemble avec les passagers : c’est la “family team airport?? », raconte-t-elle sur le parvis, où sa direction lui a donné l’autorisation de s’installer avec le club service. « On ne se voit plus car il n’y a quasiment plus d’activité. On s’aperçoit que certains sont vraiment dans des situations compliquées. » Comme Sandra**, 47 ans, employée à la sûreté de l’aéroport. « C’est un petit geste mais c’est déjà beaucoup pour nous. […] C’est dur financièrement : mon compagnon est aussi en chômage partiel et j’ai quatre enfants qui ne travaillent pas. »

Au-delà d’un sac de courses, c’est aussi du soutien que certains étaient venus chercher. « Ça fait du bien d’entendre qu’il y a des gens qui sont encore solidaires », sourit Katy**, employée Aircalin, en chômage partiel, en pensant aux préparatifs du vol de rapatriement en provenance de Tokyo de dimanche. « Les salaires commencent à être bas, on ne sait pas quand ça va redémarrer ou si la boîte va tenir. On ne sait pas trop ce qu’on va devenir, mais on essaie de rester positif. » Un compliment que lui ont retourné les bénévoles, restés coincés à Singapour après un voyage humanitaire au Népal, puis quinze jours au Nouvata en confinement. « Merci à vous, sinon on serait encore là-bas. »