Ecouter Jacques Guaenere dérouler le fil de sa vie, c’est comme plonger dans un film où l’action ne s’arrête jamais. Educateur sportif détaché du gouvernement dans le cadre du GESLS* (Groupement employeurs sports loisirs Sud), il a pris ses fonctions début décembre à Païta. Une toute nouvelle vie pour le militaire retraité qui en a déjà vécu mille autres en Métropole. « J’ai fait trente ans de carrière dans l’armée. Je suis passionné par les sports. C’est pour ça que je suis devenu le premier Calédonien à devenir formateur sportif au Centre national des sports de la Défense, à Fontainebleau. » Mais avant d’atteindre le sommet, l’enfant de Maré, né à Nouméa, a dû faire ses armes. Fin 1987, après ses études au lycée Blaise-Pascal, il quitte la Calédonie pour faire son service militaire, et débarque à Clermont-Ferrand en Auvergne. Après deux ans à Caen (Normandie) et Dinan, il se décide pour une carrière dans l’armée, et devient moniteur sportif, de 1988 à 2000. « Avant de partir, je faisais déjà de l’athlétisme, du karaté, etc. J’ai été champion de Calédonie junior. » Celui pour qui ça n’est jamais assez, s’occupe à côté de l’armée. « J’ai découvert le rugby à Clermont, où j’ai joué à Cournon d’Auvergne en 3e division ». Volleyeur en nationale 2 au stade clermontois, il entraînera le club de Vichy pendant dix ans, de 1988 à 1999. Sans parler de ses trois titres de champions d’Auvergne de karaté.

Sports collectifs et de combat

Blessé au Kosovo en 1993 pendant une opération avec les Casques bleus, il rejoint la division Alpine du 92e R.I., en Auvergne, de 1994 à 2000. « Là, j’ai pu y pratiquer d’autres sports comme le parapente, le ski, etc. » Il passe son diplôme de formateur sport deuxième degré et entraîne les unités aux sports collectifs et de combat pour les opérations extérieures. « Le sport, c’est plus de 20 % de la préparation des militaires. » De 2000 à 2007, l’institution l’envoie à l’Ecole nationale des sous officiers d’active (Saint- Maixent-l’Ecole) afin de former les sous-officiers de l’armée de terre. « J’en ai formé environ 3 500 par an. Presque toute l’armée de terre me connaît », plaisante-t-il. Jacques continue le sport à côté. En 2003, il intègre le XV du Pacifique, pour lequel il joue jusqu’en 2008, avant d’en devenir l’entraîneur adjoint jusqu’en 2018. De 2007 à 2013, il termine son ascension militaire au Centre national des sports de la Défense, à Fontainebleau, en tant qu’instructeur spécialisé en sports collectifs, menant à la préparation et à la récupération mentale des militaires partis en Afghanistan. Une fierté pour lui, tout comme son poste d’officier des sports chez les Fanc, de 2013 à 2016, et son adieu aux armes à la caserne Gally-Passebosc en 2018, d’où partit le bataillon mixte du Pacifique. Tout un symbole pour l’entraîneur du XV.

De retour dans le civil, et en Calédonie avec sa famille, il n’est pourtant pas prêt à raccrocher. Et c’est au service des jeunes de Païta qu’il mettra son expérience cette année. « Je suis éducateur sportif, mon but est de partager les valeurs du sport. Mais c’est aussi de l’éducation. Il y a vraiment du boulot, et un grand manque dans ce domaine en général. » Habitué à encadrer des jeunes dans le civil, il a de nombreux projets qu’il affinera avec la ville, et le GESLS, afin de les aider à trouver leur voie via le sport. « Païta est un terrain complexe. Déjà avec les tribus. J’ai été présenté mais il y a les chemins administratif et coutumier à suivre. Il y a aussi une grosse population mélangée dans les quartiers. Il faut prendre tout le monde en compte. »