Le parcours d’Olya Mishel est hors du commun. Son arrivée sur le Caillou, il y a un an et demi, a été « un peu comme un restart sur un ordinateur », avoue cette jolie blonde élancée de 46 ans. Son histoire, elle commence à peine à pouvoir la raconter. Et pour cause, « je ne parle français que depuis deux mois », explique-t-elle. « Par contre, j’ai commencé à chanter presque immédiatement. Les chants russes ont quelque chose d’exotique ici ».

Si elle s’accompagne pour le moment d’arrangements sur ordinateur, c’est un peu par défaut. Dans le fond, elle n’attend que l’occasion d’intégrer un groupe. Et de traduire ses poèmes en français. Evoquant ses incursions dans la pop, le rock, la soul et le jazz, la chanteuse a connu un parcours musical riche en Russie. Soit plus de 20 ans passés sur scène.

Ville close

La vie d’Olya a d’ailleurs débuté dans un endroit un peu spécial : la ville fermée de Zheleznogorsk, en Sibérie. Un endroit à l’accès ultra-contrôlé qui est apparu sur les cartes qu’en 1992. Construite en 1950, cette ville secrète de 80 000 âmes est en grande partie enfouie sous terre. Du temps de l’URSS, elle abritait un site d’enrichissement de plutonium, la fabrication des têtes nucléaires des missiles intercontinentaux et un site industriel où ont été conçus la majorité des satellites du régime. Aujourd’hui, c’est un site d’enfouissement du combustible atomique. Née le 20 juin 1971, d’une mère styliste et d’un père physicien, Olya se souvient d’une situation privilégiée. « Nous étions assez protégés. Nous entendions parler de pénuries en Russie, mais nous, nous avions beaucoup de produits importés d’Europe, même du chocolat ».

Encore enfant, son père, qui pousse un peu la chansonnette, lui apprend « des chansons sérieuses et sentimentales » et un peu de guitare. Suivent un parcours en école de musique, du violon au conservatoire et des notions de piano.

A 19 ans, Olya gagne un concours à Krasnoïarsk, principale ville voisine. Repérée par le département des spectacles, elle se produit dans toute la région, se fait un réseau et remporte un deuxième concours, en tant que comédienne. Cela lui ouvre les portes des théâtres et des music-halls. Elle tourne ensuite sur les bases du corps de l’armée du ministère des situations d’urgence. Et est retenue dans un ultime casting organisé par le monde des affaires.

Ce qui la conduit à déménager à Moscou, en 2010, où elle enchaîne concerts, comédies musicales, sitcoms télévisées, films, publicités et mariages en tant que DJ. C’est là-bas qu’elle rencontre, Hervé Michel, Lillois, directeur d’une chaîne d’imprimerie américaine. Marié en juin 2015, le couple lance une compagnie de food truck, avant de rencontrer des problèmes d’approvisionnement.

Souhaitant prendre un nouveau départ, ils ont vécu neuf mois à Bruxelles et à Paris, avant de prendre un aller simple pour Nouméa. « Je connaissais bien la Nouvelle-Calédonie et j’avais toujours eu envie d’y venir. A 50 ans, c’était maintenant ou jamais. Il fallait saisir l’opportunité », conclut ce dernier, qui s’occupe de boucler les dates de sa femme.