«Je me demande pourquoi on n’y avait pas pensé plus tôt », s’exclame Évelyne Lèques, trésorière et membre active de l’association Les jeunes en marche. Convaincue par le concept de la structure, qui propose de faire marcher la jeunesse du quartier en errance, elle les a elle-même « recrutés » dans la rue, à de nombreuses reprises. Et puis, elle les a souvent accompagnés dans ces randonnées, qui se déroulent régulièrement, le plus souvent à l’occasion des vacances scolaires.

Effectif mouvant

« On s’adresse à un public paumé, terriblement sensible à une main tendue. Le but, c’est vraiment de les insérer socialement », affirme Evelyne Lèques. André Wamo, conseiller municipal et membre du bureau, explique aussi : « Dans leur tête, le quartier, c’est les problèmes. Alors, en sortir, c’est important. » Car au-delà de la balade et des découvertes qu’elle amène, marcher, se dépasser, dormir en pleine nature ou se faire à manger, tout cela participerait à lancer une nouvelle dynamique pour les jeunes.

A chaque sortie, pour lutter contre l’alcoolisation « l’ennemi n° 1 » pour Évelyne Lèques, l’association doit s’organiser : « On contrôle sur place qu’il n’y ait pas de bouteilles. Et puis, on a pris l’habitude de partir en fin de matinée, quand ils ne sont pas encore alcoolisés. Du coup, on campe sur place… » L’association a ainsi dû se procurer tentes, duvets et sacs à dos…

Le plus difficile reste toutefois de motiver les marcheurs, pour la plupart déscolarisés : « Quand ils viennent, ils sont très contents, très enthousiastes. Mais il faut aller les chercher », affirme la trésorière de l’association. Alors, les têtes des marcheurs changent souvent, d’une fois sur l’autre. « C’est assez volatil », confirme Karine Destours, autre membre du bureau.

Nouvel élan

Même lorsque certains ne viennent plus, les membres de l’association essaient de les suivre, de prendre des nouvelles, qui se révèlent parfois inquiétantes. « Mais on a aussi de belles surprises… Des jeunes qui trouvent du travail, par exemple », indique Évelyne Lèques.

Au-delà de ces marches en petit comité, douze jeunes au maximum, l’association mise sur de grands événements pour motiver ses troupes. Cette année, trois équipes ont notamment participé à la Transcal. Et certains se préparent en ce moment pour la Gigawatt. « On va les fidéliser en septembre pour s’entraîner », annonce Évelyne Lèques. Une perspective intéressante qui s’ajoute à d’autres avancées encourageantes pour l’association. Si elle comptait surtout sur des sponsors privés à ses débuts, elle est désormais ouverte au mécénat et reçoit des subventions publiques. Elle a aussi trouvé un nouveau point de ralliement au Café chrétien et pourra, surtout, compter sur un éducateur qui vient d’être recruté, et prendra ses fonctions dès demain. Pour motiver les jeunes, les suivre et les accompagner. « On va régulariser les efforts », annonce Évelyne Lèques. En ordre de marche.