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- | Crée le 21.08.2019 à 04h31 | Mis à jour le 05.08.2020 à 04h20ImprimerCamilles Pierre enseigne l’agriculture dans l’ensemble des écoles bénéficiant du dispositif des Jardins pédagogiques. A Plum, avec les écoliers et Bettina, des ares de différentes cultures (igname, radis, taro, salade, tomate, carotte, etc.) ont été aménaPortrait. Camilles Pierre, maître jardinier, est l’intervenant du dispositif des Jardins pédagogiques au Mont-Dore. Avec des centaines d’élèves, formés assidûment depuis quatre ans, il a transformé les écoles en écrins de nature.
«Super, voilà Camilles ! Voilà Camilles », se sont exclamés des enfants, en juin, à l’école La Rizière, heureux. Scène similaire à La Briqueterie, à la fin du mois dernier. Ces démonstrations de joie se sont toutes effectuées au début des cours des Jardins pédagogiques, dispensés par Camilles Pierre, le seul intervenant de ce dispositif mis en place par la commune, il y a quatre ans, pour permettre à des élèves et à des professeurs de cultiver dans leur école à des fins pédagogiques. « Dans tous les établissements où j’enseigne, je suis très bien accueilli par les écoliers. Quand on transmet son savoir passion, les gens le ressentent et c’est apprécié », pense le Calédonien. Et l’agriculture, Pierre Camilles l’a dans le sang.
« Nous sommes issus d’une longue lignée de famille calédonienne. Mon arrière-grand-père était ingénieur agronome, mon grand-père était agriculteur, Moi, j’ai poursuivi dans le domaine, mais plutôt dans l’horticulture avec les orchidées, ma passion (voir photo) », raconte-t-il, fier. Jusqu’à ses quinze ans, Camilles passe sa vie entre Nouméa et les cultures des propriétés familiales de plusieurs hectares, à Plum et à La Foa, le week-end. « Se rendre en Brousse et au Mont-Dore, je n’hésitais jamais. C’était l’occasion de s’occuper des fleurs du jardin. »
Expérience dans la mode
Après avoir décroché son brevet d’études du premier cycle, il décide de poursuivre sa scolarité dans ce qu’il affectionne. Problème ! « Il n’y avait pas de lycée agricole encore ici, dans les années 80. Je devais quitter le pays. J’ai convaincu mes parents de m’inscrire à Tahiti, où un établissement de ce type existait. Et je savais que là-bas, il y a de multiples espèces de fleurs tropicales en plus. » En 1983, il décroche son bac professionnel avec succès, puis s’inscrit dans une formation post-bac. De retour au pays, en 1986, Camilles trouve un emploi comme horticulteur. « Mais ça ne s’est pas très bien passé avec le chef de production, je n’étais pas d’accord avec sa vision. » Puis il se reconvertit dans la mode. « La mode, c’est comme avec le mariage des plantes, il faut être créatif. » Son métier l’amène en Indonésie où il séjournera pendant près de onze ans. « Mes productions ont été présentées à plusieurs reprises à des défilés organisés par un sultan. » Il crée également une entreprise de fabrication de meubles et reprend ses études à l’Institut agronomique de Bogor.
Fort de ses expériences et de ses connaissances, il revient sur le Caillou en 2005. Camilles et son père se mettent à leur compte, créent une grande exploitation, d’ignames notamment, à Plum. Puis en 2015, le Mondorien publie un ouvrage dédié aux écoles, nommé Carnet d’un jardinier. « Ce livre rencontre un succès fou, surtout en province Nord. C’est à ce moment que mon éditrice me proposa d’intervenir avec ce nouveau projet dans les écoles, avec mon association Pacific loisirs. » Camilles Pierre accepte. « J’appréhendais beaucoup au début, car je n’étais pas formé à l’enseignement. Progressivement, je me suis amélioré. Et les enfants et les professeurs sont très heureux aujourd’hui. » Les écoliers effectuent l’ensemble du travail, Camilles guide seulement les élèves. « Je leur inculque la culture bio, les méthodes de plantation, les différentes variétés. Ils connaissent tout par cœur maintenant. Je n’ai quasiment plus à intervenir. » Les jardins pédagogiques ont fortement amélioré les conditions de vie au sein des établissements. Le Calédonien a métamorphosé les écoles en écrins de nature. Il a mené à bien plusieurs projets de classe : rizière, conservatoire de la pomme de terre, etc. Seulement cinq écoles de la ville bénéficient du dispositif Jardins pédagogiques aujourd’hui. « Cette démarche a fait ses preuves. Les élèves détiennent un bon niveau dans le domaine de l’agriculture. Ils diffusent leurs savoirs chez eux. Pourquoi ne pas l’étendre à l’ensemble des établissements de primaire du Mont-Dore ? », conclut Camilles Pierre. L’appel est lancé.
Aurélien Pol
Bio express
1965 : naissance à Nouméa.
1980 : Camilles obtient son BEPC.
1981-1985 : il poursuit sa scolarité à Tahiti, décroche un bac professionnel en agriculture spécialité horticulture et continue ses études.
1986-1994 : le Calédonien travaille à Nouméa et débute une carrière de styliste de mode dans la haute couture.
1994-2005 : Camilles quitte le Caillou pour l’Indonésie. Sur place, il poursuit sa carrière de styliste, crée une entreprise de vente de meubles en teck et reprend des études à l’Institut agronomique de Bogor.
2015 à nos jours : Camilles devient l’intervenant principal du dispositif des Jardins pédagogiques de la ville du Mont-Dore.
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