«Les débits de La Tontouta sont très importants en période de crue. Les ouvrages de production du Grand Tuyau étaient en péril. Si on en perd, cela peut compromettre l’approvisionnement en eau du Grand Nouméa. » Sa mission, Elia Massette, directrice de la régie de l’Aqueduc de La Tontouta pour le Syndicat intercommunal du Grand Nouméa (Sign), en est convaincue. « On se devait de protéger les berges de l’érosion rapide qui s’est accélérée ces dernières années [...] À chaque forte pluie ou épisode cyclonique, elles reculent. »

Et menacent les onze puits constituant le champ captant du Grand Tuyau, qui dessert l’agglomération via 60 kilomètres de canalisations environ.

Pour y remédier, le Sign - en charge de la fourrière, du Grand tuyau et des déchets des quatre communes de l’agglomération - a entrepris des travaux de protection, dont les études ont été lancées en 2017. À terme, un grand ouvrage de confortement de 660 mètres permettra de protéger les puits et d’éviter les pénuries. Divisé en trois parties « pour raisons budgétaires » (lire par ailleurs), le premier tronçon de l’ouvrage (celui du milieu) a été réalisé en 2018.

20 % de l’eau du Grand Nouméa

Après un arrêt forcé pendant le confinement, les travaux du deuxième tronçon viennent de reprendre. « On va d’abord terrasser et recréer une pente de talus naturelle pour se raccorder à la berge. Puis, l’entreprise installera des gabions tubulaires : ce sont des espèces de filets souples remplis de pierres de rivière, que l’on accroche entre eux. Ils vont retenir le terrassement, et empêcher la progression de l’érosion », détaille Elia Massette. La revégétalisation du site, sous haute surveillance (lire par ailleurs) n’a pas non plus été oubliée.

Si le coût du projet - et de production de l’eau - a fait polémique lors de sa construction, la directrice estime que le Grand Tuyau est aujourd’hui devenu essentiel. « Depuis 2016, il représente plus de 20 % de l’eau distribuée sur le Grand Nouméa, et plus de 25 % en 2017 [...] Certaines communes, et certains quartiers, sont aujourd’hui principalement alimentées par lui, et d’autres ne peuvent pas s’en passer pour des problématiques différentes, comme lors de gros travaux sur le réseau », détaille-t-elle. « Les sécheresses de fin d’année sont de plus en plus intenses, et les ressources communales présentent parfois des déficits. Sans lui, il y aurait des pénuries d’eau sur le Grand Nouméa. C’est tout du moins le constat que nous faisons aujourd’hui. »