La grande bâtisse de près de 135 ans d’âge est le logis privilégié de dizaines d’hirondelles. Leurs petits nids arrondis sont accrochés à même les pierres des murs. La Rhumerie, qui n’a jamais distillé de jus de canne à sucre, renaît doucement de ses cendres. En mars 2010, l’ancien dock de l’administration pénitentiaire était en partie détruit lors d’un incendie. La Société civile des propriétés Fayard (SCPF), comptant 101 actionnaires, a décidé de le rénover sur fonds propres.

Pierres apparentes recouvertes de chaux

En juillet 2013* commence la première phase des travaux : charpente et toiture. En juillet 2014, les façades, dont trois sont inscrites au patrimoine provincial, subissent un lifting. La rénovation doit se faire au plus proche de l’ancien. « Tout le monde nous disait de laisser les pierres apparentes, mais ce n’était pas comme ça à l’origine », glisse Jacques Fayard, actionnaire de la SCPF.

Après avoir nettoyé les façades, faisant ressortir les pierres, les ouvriers ont donc dû recouvrir la belle architecture de chaux à l’ancienne. Durant cette année de chantier, le terrain a été nettoyé, « découvrant le seuil en briques. Je me souviens, quand j’étais enfant, que le chemin de brique descendait jusqu’à la rivière », raconte l’actionnaire. Enfin, les planchers du rez-de-chaussée et du premier étage ont été entièrement reconstruits, en béton cette fois-ci. « C’est mieux contre les incendies… »

Les actionnaires de la SCPF se sont réunis la semaine dernière et ont voté le financement de la troisième phase de travaux. « Un lot de menuiserie portes et fenêtres. Mais vu qu’elles sont visibles de l’extérieur, elles concernent le classement. Il nous a donc fallu trouver une technique avec le menuisier pour que les vitres ne se voient pas. » Le chantier débutera l’année prochaine. Au menu également, des travaux afin de gérer le ruissellement des eaux, un enrochement tout autour du terrain et une nouvelle palissade.

De l’usine à sucre au restaurant

Une fois que tout sera terminé, « nous chercherons un repreneur. Pour l’instant, nous sommes ouverts à toute proposition ». Il faut dire que l’entrepôt a tout accueilli.

Le terrain a d’abord, en 1858, accueilli une usine à sucre et ses plantations de canne à sucre. L’histoire a pris des airs bibliques avec une attaque de sauterelles aux alentours de 1860. En 1979, l’administration pénitentiaire a repris les lieux et a bâti l’actuelle rhumerie. Qui, en fait, était un entrepôt. En 1922, Victor Fayard rachète la propriété de Koé. L’entrepôt abritera du café et des pommes de terre. A la Seconde Guerre mondiale, des magasins y sont installés pour ravitailler les troupes. La régie des eaux, à partir de 1950, stocke du matériel lors de la construction du barrage de la Dumbéa. De 1980 à 1994, l’éducation nationale emménage dans l’entrepôt et ouvre une annexe de lycée professionnel. Puis c’est au tour d’une galerie d’art d’exploiter ce patrimoine, et, enfin, de 1999 à 2009, l’entrepôt deviendra l’Auberge de la Rhumerie.

Aujourd’hui, la SCPF a des propositions pour en faire un lieu de relaxation, un restaurant, ou encore des appartements à louer. A voir.

* Lire sur le site lnc.nc, au 26 juillet 2014, « Une histoire de Fayard »

Une fois le chantier totalement terminé, l’entrepôt dit de la Rhumerie, route de Koé, pourra enfin être repris.