azerty

azerty

qwerty

qwerty

  • Pierrick Chatel avec Jean-Alexis Gallien-Lamarche | Crée le 04.09.2017 à 11h05 | Mis à jour le 05.08.2020 à 07h28
    Imprimer
    Parmi les scellés, le bidon d'essence avec lequel Maurice Nigaoura avait aspergé sa camionnette de carburant avant d'y mettre le feu. Photo J.-A. G.-L.

    [20 heures] Le verdict vient de tomber : les jurés ont condamné Maurice Nigaoura à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. La cour d'assises a suivi à la lettre les réquisitions de l'avocat général.

    Le compte rendu d’audience complet à lire dans votre édition de demain mardi, en pages Pays.

    [17h50] L’avocat général vient de requérir la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans à l’encontre de Maurice Nigaoura, soit le maximum pouvant être requis devant une cour d’assises. 

    En début d’après-midi, les jurés avaient entendu le témoignage de Floriane, la mère de Chean, 12 ans et de Maelly, 8 ans.

    Avant cela, deux médecins légistes étaient venus décrire les constatations qu’ils avaient opérées sur les corps des deux enfants. « Leur mort n’a pas été trop lente », a précisé l’un d’eux. Sur les conseils de son avocat, Floriane, leur mère, était sortie de la salle d’audience pendant cette description médico-légale minutieuse, froide et forcément distanciée.

    Lorsqu’elle y est revenue, c’était pour témoigner à la barre, le regard dans le vague. Lors d’un procès d’assises, la déclaration des témoins doit être, selon l’usage, « spontanée ». Mais les mots ne sont pas sortis tout seuls, à l’inverse des larmes silencieuses qui ont coulé de ses yeux. Floriane a tenté de prendre son souffle mais rien.

    « Comment ça s’est dégradé ? » lui a alors doucement demandé le président de la cour d’assises, afin d’évoquer les relations tumultueuses qui avaient fini par caractériser le couple. « En septembre 2014. On avait déjà des problèmes auparavant, mais c’est à ce moment-là que j’ai appris qu’il m’avait trompée et qu’il allait voir des prostituées. J’étais mal, même si c’était des prostituées ». Les disputes deviennent plus fréquentes. « Je suis partie et j’ai décidé de prendre ma fille pour qu’elle continue l’école à Koné. »

    Au bout de deux semaines, la maîtresse la convoque. « Ma fille se renfermait. La petite réclamait son père. » Les parents conviennent alors de scolariser Maelly à Auteuil (Dumbéa) auprès de son père. Ils s’accordent aussi sur le fait qu’il aura la garde des deux enfants jusqu’à la fin de l’année scolaire, avant qu’ils ne rejoignent leur mère dans le Nord.

    Durant cette période, même à distance, les disputes continuent. Floriane avait précisé à Maurice Nigaoura qu’elle avait rencontré quelqu’un, « une aventure sans lendemain, je ne voulais pas m’engager à nouveau, mais ça lui avait fait du mal d’apprendre ça ». Les menaces de s’en prendre aux enfants et de mettre fin à ses jours reviennent alors sans cesse, à tel point qu’elle avait porté plainte, sachant qu’il avait un fusil en sa possession. Plainte classée sans suite, « à la condition qu’il ne recommence pas », a-t-elle expliqué.

    Maurice Nigaoura avait pourtant incendié la maison où Floriane était hébergée. « Il avait fait ça à cause de moi », dit-elle, encore prise par une forme de culpabilité. Une autre fois, il avait envoyé un texto précisant que leur fils était hospitalisé après une crise d’asthme, alors qu’il n’en était rien. L’entourage de Floriane avait demandé à Maurice de cesser son « chantage affectif ». Les relations étaient en dents de scie. « Un coup ça allait, le jour d’après ça n’allait plus. » Seule constance dans cette tempête : « Il s’occupait bien des enfants. Il les emmenait au cinéma ou au Mc Do », assure Floriane à la barre.

    Le 24 novembre 2015, après avoir commis le double infanticide baie Toro, à Païta, Maurice Nigaoura avait été pris en stop par une automobiliste qui l’avait amené à la brigade de Païta. Il voulait se rendre aux gendarmes. En chemin, il avait appelé Floriane. « T’as pas voulu me croire, je l’ai fait. » Elle s’était précipitée à Païta. Elle avait demandé que ses enfants soient enterrés près d’elle, à Pouembout.

    Mais le fardeau de la vie de Floriane est encore un peu plus mis à nu lorsqu’un assesseur lui demande de quoi est fait son quotidien, aujourd’hui. « Un psy me suis. Je les imagine toujours dans le cercueil. Je vais souvent les voir. Je dors avec les affaires de mes enfants. Je confonds parfois deux mondes, la réalité et l’imaginaire. Je rêve parfois que je fais des choses avec eux. » Un juré s’essuie les yeux, d’autres ont du mal à relever la tête. « Je n’ai plus la même vie. Je ne peux pas rester longtemps au même endroit, j’ai trop de souvenirs. »

    Floriane parle aussi de sa mère, à qui elle ne confiait pas les problèmes de son couple, et de sa sœur, la seule personne sur qui elle peut « s’appuyer et compter ». Elle parle d’une vie et de rapports familiaux sans doute devenus compliqués. Mais cet après-midi, elle a pu parler, même à des gens qu’elle ne connaissait pas, alors elle en a profité. « J’aurai aimé que mon père soit là aujourd’hui pour me soutenir. J’aimerais qu’ils viennent vers moi. Je me sens seule depuis tout ça. »

    Elle retourne s’asseoir sur les bancs du public, entourée par ses proches. Elle a tenu le coup. Les sanglots qu’elle a jusque-là retenus éclatent.

    [11h05] Le procès de Maurice Nigaoura s'est ouvert ce matin devant la cour d'assises. L'homme de 38 ans est accusé d'avoir tué ses deux enfants, son fils de 12 ans et sa fille de 8 ans. Le drame s'était déroulé en novembre 2015, à la baie Toro, à Païta.

    L’accusé porte une image du Christ autour du cou, bien en évidence. Et à l'instar de Bianca Tein-Poawi la semaine dernière, Maurice Nigaoura a choisi de se murer dans le silence lorsque le président de la cour d'assises a voulu le questionner. L'accusé est défendu par Mes Jean-Jacques Deswarte et Martin Calmet.

    Dans les rangs du public, la mère des enfants est présente, entourée par sa famille. Les intérêts de la partie civile sont représentés par Me Frédéric Daubet-Esclapez.

    Lorsque le drame est survenu, le couple était séparé depuis un an, après 13 ans de vie commune. Lui résidait à Katiramona (Dumbéa) tandis que son ex-femme avait élu domicile à Pouembout.

    Un mois avant le drame, Maurice Nigaoura avait envoyé à son ex-femme une série de quatre SMS dans lesquels il menaçait de s’en prendre aux enfants.

    Ce matin, la cour d'assises a pris connaissance des faits à travers la lecture du résumé de l'affaire effectué par le président.

    Le jour des faits, l'accusé s'était rendu à la baie Toro, à Païta. Il avait demandé à ses enfants de sortir de la camionnette. Il avait d'abord chargé le fusil à pompe, était sorti du véhicule puis y avait mis le feu. Il avait tiré une première fois sur sa fille « sans la regarder » puis avait tiré à deux reprises dans le dos de son fils qui avait tenté de s'enfuir. Il avait entendu les gémissements de sa fille et lui avait tiré à deux reprises. Il aurait ensuite tenté de mettre fin à ses jours en retournant l'arme contre lui mais le coup ne serait pas parti.

    Les jurés ont entamé ce matin l'examen de personnalité de l'accusé, issu d’une fratrie de 12 enfants. Maurice Nigaoura est unanimement décrit comme un bon père de famille. Un « papa-poule sévère mais très gentil », a dit l'une de ses sœurs. « Il aimait ses enfants, je ne pensais pas qu'il serait capable de faire ça », a souligné l'un de ses frères.

    Le procès doit se dérouler sur deux jours.

    Compte rendu d’audience complet à retrouver dans votre édition de demain mardi, en pages Pays.

     

     

     

     

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • VOS RÉACTIONS
    Contenus Locaux Sponsorisés










rigthbanner

rigthbanner