La baie de l'Orphelinat paraissait bien vide, ce matin, alors que de puissantes risées commençaient déjà à fouetter le plan d'eau. La plupart des plaisanciers au mouillage sont allés se mettre à couvert dans les ports, ou ont fait voile, hier, vers les abris naturels comme Port-Laguerre. Quelques malchanceux restent sur place, imprévoyants ou victimes des circonstances, tentant de sécuriser tout ce qui peut l'être sur leur bateau, et inquiets à l'approche du cyclone Cook.

" Je devais aller me mettre au sec ce matin à Nouville, mais quand j'y suis arrivé on m'a dit que ce n'était plus possible. Maintenant toutes les marinas sont fermées. Je vais devoir rester ici mais franchement, avec des rafales annoncées à 200km, je ne suis pas tranquille du tout " explique Marc, qui vit en famille sur un catamaran de 12 mètres.

"Mon mouillage je sais qu'il tiendra. Ce qui me fait peur ce sont les bateaux-poubelles qui traînent dans la baie et qui peuvent se détacher" précise le skipper, qui prévoit de dormir à bord, au cas où ses amarres lâcheraient. Sa femme et ses enfants sont, eux, en sécurité à l'hôtel. "Le pire, c'est que dans ce secteur, s'il arrive quelque chose, l'assurance ne couvre rien " lâche-t-il.
Sur son dériveur en alu de 10 mètres, amarré a une bouée voisine, Sébastien a choisi une autre option : " je vais certainement aller beacher à Nouville, dit-il, j'ai des copains qui y sont déjà allés voir, j'attends leur coup de fil pour démarrer. A mon avis c'est trop dangereux de rester ici. Cette nuit, sur l'eau, Marc sera la seule âme qui vive dans cette partie de la baie. En tête-à-tête avec le cyclone.